Mensonge caractérisé ou impensé politique d’Emmanuel Macron ? L’idée d’une baisse de l’aide personnalisée au logement (APL) n’est pas sortie comme d’un chapeau lors de son annonce en juillet dernier. Elle ne remonte pas non plus à la campagne, pendant laquelle le candidat d’En marche s’était bien gardé d’en faire état publiquement. Non, elle date de bien avant : de l’été 2016. C’est depuis cette date, au moins, que le président de la République est convaincu qu’il faut diminuer cette allocation sociale, comme le montre notre enquête réalisée à partir des Macron Leaks – du nom de la fuite des mails internes à l’équipe du candidat survenue à quelques heures du second tour de la présidentielle. Pendant plusieurs semaines, le chef de l’État et les experts logement recrutés par En marche ont discuté d’une réforme de l’APL. Macron voulant même engager un « programme de réduction rapide » de cette prestation distribuée à 6,5 millions de foyers. Mais, au moment de rédiger le programme présidentiel, ils ont reculé. On ne trouve rien sur ce sujet dans la brochure distribuée avant l’élection. Pour autant, les projets n’ont pas été abandonnés. Et, quelques semaines après l’élection, les Français ont découvert que l’APL était l’ennemie de l’exécutif. Cela s’est fait en deux épisodes : en juillet, le gouvernement a annoncé une baisse surprise de 5 euros de l’allocation ; puis, fin août, le chef de l’État a déclaré au Point qu’il envisageait une nouvelle diminution, qui s’est concrétisée dans le projet de loi de finances, avec l’annonce d’une baisse de 60 euros pour les locataires de logement social.
Pour un candidat qui disait vouloir tenir un discours de vérité aux Français, cet « oubli » est gênant. Il est surtout le symbole d’une politique du logement assez peu compréhensible (ce qui au passage, complique notre tâche puisque, dans cette obsession, on cherche une pensée derrière les mesures économiques du gouvernement !). Mais depuis l’élection, on assiste à une série de cafouillages et d’incohérences assez exceptionnelle. Ainsi, la première baisse de 5 euros, annoncée par Matignon le samedi 22 juillet – soit un week-end pendant les vacances, pour mieux faire passer la mauvaise nouvelle –, n’a jamais été assumée. Dans un premier temps, le gouvernement a rejeté la faute sur le précédent gouvernement, qui aurait laissé un trou.