Plus agiles que l’État, les fondations seraient les institutions idéales pour expérimenter de nouvelles politiques. C’est ainsi qu’au mois de juin, Gabriel Attal, secrétaire d’État à l’Éducation, défendait le mécénat, et notamment son implication sans cesse croissante dans le secteur social (lire l’épisode 1, « Le mécénat, c’est vraiment très intéressé »). Le privé plus efficace que le public, l’argument est souvent avancé, parfois à juste titre, parfois en complet décalage avec la réalité. Si vous êtes un libéral patenté, ne lisez pas ce qui va suivre. On va vous raconter l’histoire des dérives de la Fondation agir contre l’exclusion (la Face), dues en grande partie à son conseil d’administration composé de chefs d’entreprise et notamment son président, l’ex-PDG d’Engie et de Suez, Gérard Mestrallet. L’histoire a peu intéressé les médias mais, le 17 octobre, la Cour des comptes a dévoilé un rapport assassin à l’encontre de cette fondation reconnue d’intérêt public et qui « vise à lutter contre toutes les formes d’exclusion, de discrimination et de pauvreté ». « Projets mal maîtrisés », « défaut d’encadrement », « gouvernance souffrant de nombreuses faiblesses », comptes ne donnant pas « une image fidèle de la situation patrimoniale » de la fondation… L’institution de la rue Cambon y aligne les critiques à l’encontre de la Face et envisage très sérieusement une dissolution.
Pour comprendre comment on en est arrivé là, il faut remonter loin en arrière, à la création de la Face, en 1993. Et si les menaces de disparition ne mobilisent aujourd’hui pas les médias, sa naissance, elle, avait fait la une. Principalement grâce à l’identité de sa première présidente : c’est Martine Aubry qui est à l’origine de la fondation. En 1993, l’ex-ministre du Travail de François Mitterrand incarne l’espoir de rebond d’un Parti socialiste à terre après la déroute des dernières élections législatives. Et son choix de lutter contre l’exclusion avec des patrons-mécènes est très remarqué. Treize chefs d’