Le 4 mai 1987, le musicologue britannique Philip Tagg a envoyé une lettre restée historique à quelques collègues chercheurs en musiques populaires, ce champ qui rassemble les œuvres nées après l’enregistrement sonore, à la fin du XIXe siècle, qui ne relèvent ni de la tradition orale, comme les musiques folkloriques, ni de l’écrit, comme le classique ou l’opéra. Dans son courrier, Philip Tagg s’attaquait notamment au courant « rockologiste » de la recherche, qui tendait alors à construire une histoire de la musique où le « génie » instantané des Noirs vivant sur le sol nord-américain s’opposait à la rationalité et au sérieux des musiques jouées sur le continent européen « blanc ».
Tout ceci, disait Philip Tagg, n’est qu’une construction. Et elle est raciste. « Parfois, nous semblons attribuer aux gens à la peau foncée