Au début de l’année 1996, Nina Simone est internée à Los Angeles après une crise psychotique de plus, dans ces années où elle fuit les médicaments qui freinent son autodestruction. Quelques mois plus tôt, elle a été condamnée en France, où elle vit depuis 1992, pour délit de fuite après avoir renversé deux adolescents qui circulaient en scooter, puis pour avoir tiré au pistolet à grenaille sur un jeune homme qui faisait du bruit de l’autre côté de la haie (lire l’épisode 4, « Le mal provençal de Nina Simone »). À 63 ans, elle se montre aussi fragile que menaçante quand elle vient voir sa sœur Frances, qui décide donc de la faire soigner dans une clinique de la ville. C’est là, dans des circonstances très floues, que la chanteuse et pianiste fait la rencontre de Clifton Henderson. Dans son propre récit fantasmé dans l’effroyable biopic Nina sorti en 2016, où rien n’est vrai ni même plausible, il est un infirmier psychiatrique qui s’est attaché à cette vieille dame qui était aussi une vieille gloire de la musique. L’une des artistes les plus importantes du XXe siècle, qui n’existait plus que par les rares éclats de lumière qu’elle parvenait encore à faire jaillir sur scène. Pour d’autres, il est un homme de ménage que Nina Simone a pris pour un soignant et auquel elle s’est attachée, suffisamment pour lui proposer de rentrer en France avec elle pour l’aider dans sa vie quotidienne. Clifton Henderson n’est plus là pour donner sa version de l’histoire, il est mort deux ans après Nina Simone, en 2005, des suites de son alcoolisme.