Nina Simone en fugue

Quand il a rencontré Nina Simone et accepté de l’aider à revenir à la scène au début des années 1980, Raymond Gonzalez était déjà une figure du monde de la musique. Consultant artistique auprès du directeur de l’Olympia comme des festivals de Juan-les-Pins et de Pampelune, il était aussi l’organisateur des tournées européennes de James Brown, Ray Charles ou Chuck Berry. Par la suite, il a aussi œuvré avec Marla Glen, Mory Kanté et Khaled. Toujours actif, il travaille aujourd’hui pour Dionne Warwick, The Jacksons, Gloria Gaynor ou la star du raï Cheba Zahouania.

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Gerrit de Bruin a rencontré Nina Simone un soir de 1967, quand il s’est glissé dans la salle où elle jouait, en se faisant passer pour un membre de son équipe. De fan, il est ensuite devenu confident puis ami proche et apaisant que Nina Simone appelait régulièrement quand elle était en Europe. Négociant en vins français de profession, Gerrit de Bruin est un acteur-clé du retour à la scène de la chanteuse dans les années 1980 et au début des années 1990, quand elle vivait aux Pays-Bas près de lui, entre Nimègue et Amsterdam. Installé un temps dans le Sud de la France, il est aujourd’hui retraité, parcourt le monde sur son petit bateau et vit loin des affaires de la chanteuse.

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Avocate au barreau de Marseille dans les années 1990, Isabelle Gharbi-Terrin a rencontré Nina Simone alors qu’elle défendait la famille de l’un des adolescents renversés par la chanteuse en voiture en 1993. Ce qui n’a pas empêché Nina Simone d’apprécier son franc-parler et d’en faire une amie proche dans ses premières années compliquées en Provence. À tel point que la chanteuse a emmené l’avocate en Afrique du Sud, en la faisant passer pour son infirmière, pour les célébrations données à l’occasion des 80 ans de Nelson Mandela, en 1998. Isabelle Gharbi-Terrin consacre aujourd’hui sa carrière à la défense des animaux victimes de violence. Avec d’autres juristes regroupés au sein de l’association Défense et dignité animales qu’elle a fondée, elle a ainsi fait condamner plusieurs prévenus et commencé à établir une jurisprudence sur ces violences qui étaient auparavant négligées par les tribunaux.

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Directeur d’une galerie d’art à Anvers, en Belgique, dans le civil, Roger Nupie est entré dans le premier cercle de Nina Simone peu à peu. Pendant des années, il était là à chaque concert en Belgique ou aux Pays-Bas, parfois plus loin, pour offrir des fleurs à la chanteuse. C’est Gerrit de Bruin qui lui a présenté Nina Simone, qui a vu en lui l’archiviste patient de sa carrière éparpillée. C’est notamment la collection de disques de Roger Nupie qui a permis de faire le tri entre les éditions officielles et les versions pirates de ses enregistrements dans les années 1980 et 1990. Devenu très officiellement président du fan-club de Nina Simone, il était aussi chargé de l’annoncer au public lors des concerts pendant toute cette période. À la demande de Clifton Henderson, le dernier manager de Nina Simone, c’est lui qui a rédigé le communiqué annonçant à la presse la mort de la chanteuse, le 21 avril 2003.

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Née en 1933 à Tryon, en Caroline du Nord, dans une famille nombreuse et très croyante du Sud ségrégué des États-Unis, Eunice Kathleen Waymon est très tôt une prodige du piano dans sa communauté. À 5 ans, elle joue déjà lors des offices de sa mère pasteure. Financée par un fonds qui réunit les habitants noirs et blancs de sa petite ville, elle peut apprendre le piano classique avant d’espérer entrer au Curtis Institute of Music de Philadelphie. Très déçue par le rejet de sa candidature et décidée à ne pas peser davantage sur sa famille, elle finit par accepter de jouer dans un bar d’Atlantic City, où elle devient Nina Simone pour ne pas se faire (mal) voir de sa mère qui désapprouve la musique profane. C’est là, devant un public venu pour l’alcool et les prostituées, qu’elle invente sa musique, entre fugues de Bach, gospel et puissance soul, et commence à attirer la curiosité des fans de musique. Nina Simone enregistre son premier album en 1957 et débute une carrière de sage interprète, avant de se transformer, en même temps que le combat des Noirs américains pour l’égalité des droits s’amplifie, en combattante musicale rugueuse. Elle écrit des hymnes marquants de ces années-là, notamment Four Women et Mississippi Goddam, qui documentent le racisme et la violence envers les Noirs. Déçue par la fin en demi-teinte du mouvement, elle quitte les États-Unis pour un retour fantasmé en Afrique, d’où sont venus les esclaves américains, avant de s’installer en Europe pour la dernière partie de sa vie racontée dans cette série.

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Âgé aujourd’hui de 89 ans, Al Schackman est né la même année que Nina Simone, en 1933. Guitariste de session et sideman habitué des clubs de jazz de New York à la fin des années 1950, il s’est vu proposer de rejoindre le trio de Nina Simone pour un soir. Il est resté avec elle plus de quarante ans. Exigeante envers ses musiciens, qui devaient être de bons techniciens mais surtout avoir la souplesse nécessaire pour la suivre dans ses improvisations qui transformaient chaque soir les chansons au programme, Nina Simone a trouvé une entente naturelle avec lui. Avec le percussionniste Leopoldo Fleming, le bassiste Tony Jones et le batteur Paul Robinson, Al Schackman a formé le socle musical indéfectible des concerts de Nina Simone pendant les années 1980 et 1990. Il s’est aussi régulièrement occupé de Lisa, la fille de la chanteuse, dans les moments où Nina Simone ne s’y intéressait pas.

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Installé à San Francisco, en Californie, Steven Ames Brown est un spécialiste reconnu de la défense des intérêts des artistes du cinéma et de la musique. Au fil des années, il a notamment travaillé pour les successions de Fred Astaire et de Judy Garland ou encore pour la fille d’Orson Welles, qu’il a aidée à faire valoir ses droits sur son classique Citizen Kane. Nina Simone l’a embauché en 1988 pour récupérer des droits sur certaines de ses chansons après le vote du Copyright Act de 1976 qui permettait aux artistes payés à la session dans les années 1950 et 1960 – et qui avaient donc cédé l’ensemble de leurs droits sur leurs titres – de recouvrer leur part sur l’enregistrement. Comme rémunération pour ce travail, Steven Ames Brown s’est vu attribuer par Nina Simone 40 % des revenus sur les droits récupérés, ce qui lui a permis, au décès de la chanteuse, de devenir l’homme fort de la gestion de son héritage.

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Javier Collados avait 23 ans quand un couple d’amis parisiens lui ont fait rencontrer Clifton Henderson, qui cherchait quelqu’un pour l’aider à s’occuper de Nina Simone dans le Sud de la France. De jeune guitariste français qui cherchait sa voie, il est ainsi devenu homme à tout faire dans l’entourage proche de la chanteuse, aussi bien garde du corps, chauffeur, compagnon des virées à la piscine que musicien à ses côtés sur scène, lors des tout derniers concerts de Nina Simone. Javier Collados a aussi été, dans les dernières années de la chanteuse qui souffrait d’un cancer généralisé, un garde-malade malgré lui. Même s’il a eu des propositions pour être l’assistant d’autres artistes par la suite, Javier Collados n’a pas poursuivi sa jeune carrière dans le monde de la musique. Il travaille aujourd’hui pour une entreprise de machines industrielles en Espagne.

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Fille de Nina Simone et Andy Stroud, Lisa Celeste Stroud, née en 1962, a connu une enfance compliquée après le divorce de ses parents. Bringuebalée de pays en pays, négligée par sa mère qui l’abandonnait régulièrement à des membres de sa famille ou à des amis plus ou moins proches, elle a mis beaucoup de temps à accepter que c’était la maladie qui l’avait fait agir ainsi. Après avoir fait une partie de ses études en Suisse pour se protéger, elle a fini par s’enrôler dans l’armée américaine et participer à la Guerre du Golfe comme ingénieure. Après avoir découvert qu’elle aimait aussi chanter, elle s’est peu à peu consacrée à une carrière de choriste puis d’interprète dans diverses comédies musicales à Broadway (Jesus Christ Superstar, Aïda, Les Misérables…), avant de se lancer après la mort de sa mère en solo, sous le nom de Lisa Simone.

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Infirmier ou homme de ménage ? Assistant patient ou arnaqueur qui cherchait à s’enrichir sur le dos d’une artiste en fin de vie ? Clifton Henderson est décédé en 2006 des suites de son alcoolisme, il n’est donc plus là pour donner sa version de l’histoire et expliquer quelle a été sa place auprès de Nina Simone entre leur rencontre en 1996 et sa mort en 2003. Ce qui est certain, c’est que le jeune homme américain a peu à peu concentré toutes les responsabilités et écarté les proches de la chanteuse, devenant son manager et celui qui contrôlait tout dans sa vie privée comme professionnelle. Avant de mourir, il a initié un projet de biopic basé sur sa vie auprès de Nina Simone, qui a abouti au lamentable film Nina en 2016, qui réécrit intégralement ces dernières années.

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