Assise à la cafétéria du 101 rue de l’université, Marie Tamarelle-Verhaeghe, députée LREM de l’Eure, un dossier sur la table, commence à argumenter sans attendre que son collaborateur parlementaire ne la rejoigne. Elle cherche de sa voix fluette les bons mots. Les plus proches de sa pensée. Ceux qui ne choqueront pas. Qui ne brusqueront pas les premières concernées. C’est important. Car si, en commission et dans l’hémicycle, elle s’est opposée à l’ouverture de la procréation médicalement assistée avec don de gamètes aux femmes célibataires, une des mesures prévues dans le projet de loi bioéthique, elle a toujours tenu à le faire avec tact : « Dès lors que je parle de mes réticences, on me ramène à Agnès Thill, ça m’agace. Je ne suis pas Agnès Thill. Je me refuse à exprimer mon opinion sur Twitter, en une centaine de caractères, sur un sujet complexe et émotionnellement engageant comme celui-ci. »
La question n’est pas de savoir s’il faut créer de nouvelles familles monoparentales : elles se créeront de toute façon. Mais il faut légiférer et établir un cadre sécurisant – pour ces femmes et pour leurs enfants.
Quinquagénaire, les cheveux blonds mi-longs, catholique pratiquante (« Je ne m’en cache pas »), cette mère de huit enfants « sai[t] à quel point ces sujets nous confrontent tous à nos propres expériences de vie ». « Alors je fais attention à ne jamais porter de jugement », assure-t-elle. Et, de fait, elle prend mille précautions pour dire ses convictions. « La notion de couple me semble un préalable nécessaire à la naissance d’un enfant. C’est de l’amour entre un père et une mère, ou entre deux mères, qu’émerge la vie. Je ne remets pas en question le désir de maternité des femmes célibataires qui vont faire une PMA à l’étranger, mais je me mets à la place de l’enfant. Et je pense que savoir que je suis née de l’amour entre deux personnes, ça me vitaliserait. » Sa voix s’infléchit régulièrement. Elle chuchote presque, parfois. « J’ai l’impression que notre société est de plus en plus individualiste. Quand j’entends dire autour de moi “avec la PMA, je n’ai plus besoin d’un homme ou d’une femme pour avoir un enfant ”, ça me fait peur. Parce que oui, bien sûr, on a besoin les uns des autres. »

A-t-elle débattu, déjà, de ses réserves sur le projet de loi du gouvernement avec les députés de son groupe les plus prompts à le défendre ? Avec, au hasard, Laurence Vanceunebrock-Mialon, la députée que suivent Les Jours ? « Ah non, avec Laurence non. Je crois qu’elle m’a un peu… pistée. Et qu’elle me fuit », nous répond-elle dans un sourire un peu gêné. Une impression en décalage avec le discours de la députée de