La relation autrefois privilégiée entre la mairie de Paris et Marcel Campion, homme d’affaires spécialisé en fêtes foraines, est au plus mal. Anne Hidalgo ne peut plus voir en peinture son marché de Noël, sur les Champs-Élysées, ni sa grande roue place de la Concorde. Le Conseil de Paris a décidé à l’unanimité, en juillet, de supprimer le marché de Noël des Champs-Élysées, privant la boîte de Campion, Loisirs Associés, d’environ 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ce mercredi 22 novembre, il doit se pencher sur la non-reconduction, dès l’an prochain, de la grande roue de la place de la Concorde (pour cette saison, elle a ouvert vendredi et doit fonctionner jusqu’en mai). L’enquête judiciaire en cours depuis deux ans, dans laquelle la ville de Paris est désormais mise en examen pour favoritisme et l’homme d’affaires pour recel de ce délit, ne peut qu’inciter la mairie à accélérer le mouvement.
Rembobinons cette histoire. La première apparition de la grande roue campionienne sur la place de la Concorde date de 1993. Elle mesurait alors 40 mètres et n’a cessé de grandir (70 mètres aujourd’hui). Sans refaire toute l’histoire des rapports entre Campion et la mairie – occupée successivement par Jacques Chirac, Jean Tibéri, Bertrand Delanoë et, depuis 2014, par Anne Hidalgo –, il y a quelques constantes. Marcel Campion aime : sa grande roue, la place de la Concorde, les maires de Paris tant qu’ils sont d’accord avec lui, les coups d’éclat. Il n’aime pas : les empêcheurs de tourner en rond, les rabat-joie de la Conservation régionale des monuments historiques et des associations de sauvegarde du patrimoine, les propositions de déménagement. Malgré des remises en cause régulières de leur emplacement, Marcel Campion et sa grande roue sont toujours revenus à la Concorde.

Le 13 novembre 2015, la grande roue s’installe même pour plus longtemps que d’habitude : 308 jours d’affilée, afin de couvrir la période de l’Euro 2016 de foot, contre 90 jours les autres années. Une délibération du Conseil de Paris, un mois et demi plus tôt, a autorisé Anne Hidalgo à signer une convention d’occupation du domaine public avec l’entreprise Fêtes Loisirs, appartenant à Marcel Campion, après un appel d’offres resté infructueux. C’est cette décision qui, bientôt, va se retrouver au cœur des investigations. Comme le souligne à l’époque Le Canard enchaîné, qui a déjà commencé à enquêter sur les liens entre Campion et la mairie, les concurrents ne se sont pas bousculés au portillon.