Comparée à la plupart des affaires financières impliquant des hommes politiques, celle du couple Thévenoud est d’une extrême simplicité. Le pitch tient en quelques lignes. De 2010 à 2014, Thomas Thévenoud et son épouse Sandra ont systématiquement déclaré leurs revenus hors délais, s’attirant de multiples relances du fisc, qu’ils ont ignorées chaque année sans même ouvrir les enveloppes. En 2012, ils n’ont même rien envoyé du tout. Qu’on explique cette négligence par une « phobie administrative », comme l’avait fait Thomas Thévenoud, ou par la politique de l’autruche, ces retards répétés leur ont coûté 20 000 euros de pénalités en plus des 70 000 euros d’impôts finalement réglés. Une plainte de Bercy, indispensable pour déclencher des poursuites en matière de fraude fiscale, a suivi. Au mois de mai dernier, les époux Thévenoud ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis chacun, assortis d’un an d’inéligibilité pour l’ancien député socialiste et éphémère secrétaire d’État au Commerce extérieur du gouvernement Valls (pendant neuf jours en 2014, l’affaire lui ayant coûté son poste). Ils ne comptaient pas faire appel de cette décision mais le parquet, jugeant la peine trop clémente, en a décidé autrement. À l’issue de ce deuxième procès, où les compteurs sont remis à zéro, le couple peut être relaxé ou condamné à une autre peine.
La mine grave et vêtus de noir, Thomas et Sandra Thévenoud ont comparu ce mercredi devant la cour d’appel de Paris. L’ancien secrétaire d’État de 43 ans, qui a attrapé quelques cheveux gris, rappelle qu’il n’a « jamais contesté » ses propres « dysfonctionnements » et « toujours reconnu [ses] torts » sans « se défiler ». « Je sais bien que ce n’est pas un comportement normal, mais j’insiste sur ce point : nous n’avons jamais menti. Notre intention n’a jamais été de frauder le fisc. » Sans s’expliquer complètement sa réticence vis-à-vis des impôts, Thomas Thévenoud reconnaît une contradiction entre « la gestion défaillante de [leur] vie privée » et les impératifs de sa carrière politique. « J’ai géré des budgets publics, celui d’un office HLM, d’une commune. J’ai déposé des comptes de campagne. Jamais rien ne m’a été reproché. En tant qu’élu local, j’ai opté pour le prélèvement à la source, alors que je n’y étais pas obligé. » À la maison par contre, « les enveloppes n’étaient pas ouvertes ». Ni celles du Trésor public, ni les feuilles de soin. Son épouse Sandra, 46 ans, partage son constat sur leur