Le « casse du siècle » a bientôt dix ans. De septembre 2008 à juin 2009, des escrocs plutôt brillants se sont rués sur le marché européen des quotas de CO2 pour s’enrichir. Tirant profit d’une série de failles dans ce dispositif mis en place à des fins écologiques (une sorte de bourse d’échange de « droits à polluer »), ils l’ont transformé en gigantesque machine de fraude à la TVA, qui a coûté 1,6 milliard d’euros à l’État français et au moins 5 milliards au niveau européen. Sans rentrer dans le détail de la manœuvre – d’autres l’ont déjà très bien fait –, il suffit de retenir que l’arnaque consistait à créer de toutes pièces des sociétés pour acheter des droits à polluer hors taxe, avant de les revendre toutes taxes comprises, et disparaître sans jamais reverser la différence due à l’État. La magouille était relativement facile, les gains rapides et faramineux. Lorsque la justice française a entrepris de punir les responsables, elle s’est heurtée à plusieurs difficultés : suivre l’argent à la trace, détricoter les réseaux de prête-noms derrière lesquels étaient cachés les auteurs de cette escroquerie express, obtenir les réponses de banques et d’États étrangers.
Parmi la centaine de mis en examen, quelques-uns ont acquis une petite notoriété : Marco Mouly, Arnaud Mimran, Grégory Zaoui, Cyril Astruc. Plusieurs procès ont déjà eu lieu depuis 2012, avec à la clé des peines de prison inhabituellement lourdes en matière financière et de fortes amendes.