Dimanche dernier, des milliers de personnes se sont rassemblées dans la capitale pour défendre la justice anticorruption face aux attaques de la classe politique. En France ? Non. Au moment des affaires Fillon et Le Pen, seules trois petites manifestations avaient eu lieu à Paris, place de la République, en février et en mars 2017. Le rassemblement dont on parle a eu lieu à Bucarest, en Roumanie, pour soutenir la procureure à la tête de la Direction nationale anticorruption (DNA), menacée de destitution.
À 44 ans, Laura Codruta Kövesi est l’une des têtes d’affiche de la lutte contre la corruption en Europe. Avec un côté rock : elle était basketteuse de haut niveau dans sa jeunesse. Depuis 2013, la procureure a fait condamner un joli paquet de délinquants en col blanc – parlementaires, élus locaux, juges, hauts fonctionnaires… – et même envoyé un ancien Premier ministre en prison. Ses « opérations mains propres » ont fait de cette magistrate l’une des personnalités les plus populaires du pays. Mais le ministre de la Justice social-démocrate, Tudorel Toader, vient de lancer une procédure de destitution contre elle. Le 22 février dernier, lors d’une conférence de presse télévisée, il lui a longuement reproché son « comportement autoritaire », l’a accusée de ne pas avoir « respecté la Constitution » et de « nuire à l’image » de la Roumanie, notamment dans ses interviews à la presse internationale.

Ce soir-là, comme ils l’avaient déjà fait l’année dernière, des milliers de Roumains sont descendus dans la rue, sous la neige, pour soutenir la justice anticorruption et la magistrate qui l’incarne. Ils ont remis ça dimanche dernier. Une pétition, qui a recueilli 87 000 signatures (sur 20 millions d’habitants en Roumanie), demande au président de la République, Klaus Iohannis, de trancher en faveur de Laura Codruta Kövesi – jusqu’ici, il l’a toujours défendue et la destitution ne peut avoir lieu sans son accord. Ce mercredi, Klaus Iohannis a de nouveau dénoncé « une tentative inadmissible de discréditer la DNA » et affirmé que « nous sommes loin d’une destitution. De plus en plus loin… »
Il n’empêche, depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement social-démocrate, en décembre 2016, la législation anticorruption roumaine est sans cesse menacée. Plusieurs personnalités politiques de la majorité sont visées par des enquêtes de la DNA ou ont déjà été condamnées, dans des