Depuis le début de la mission d’information parlementaire sur le verrou de Bercy (lire l’épisode 20, « Le verrou de Bercy fait grincer le Parquet national financier ») en janvier, on a beaucoup parlé de poisson à l’Assemblée nationale. Oui, de poisson, une métaphore toute trouvée pour trier les fraudeurs fiscaux en trois catégories. Petits poissons : les contribuables qui, considérant encore la fraude fiscale comme un « sport national », minimisent leurs revenus ou profitent d’un héritage pour mettre un peu d’argent à gauche (ou à l’est, quand il s’agit de la Suisse). Moyens poissons : les ingénieux, les coquins, pas pleins aux as mais riches quand même, planifiant avec soin leur évasion de capitaux. Gros poissons : ceux qui ont fait vœu de vice, qu’il s’agisse de bandits soucieux de dissimuler le produit financier de leurs méfaits (drogue, proxénétisme, trafic d’armes) ou d’entreprises spécialistes de l’optimisation fiscale et prêtes à franchir la limite incertaine qui la sépare de la fraude. De l’avis général, les gros poissons sont les plus préjudiciables au budget de l’État comme au « pacte social »… et les plus durs à attraper. Ils sont malins, ont les moyens de se faire conseiller et savent nager dans les eaux troubles d’un droit fiscal très complexe.
Le verrou de Bercy, accusé par les magistrats de freiner leurs enquêtes, fait l’objet d’un décorticage méthodique à l’Assemblée depuis deux mois.