Plus le temps passe, plus l’éventualité d’assister un jour à un « procès Sarkozy » se rapproche. La semaine dernière, le Parquet national financier a demandé à ce que l’ex-Président soit jugé – notamment pour corruption active – dans l’affaire « Paul Bismuth ». Il appartient désormais aux juges d’instruction de décider de le renvoyer, ou pas, devant le tribunal correctionnel, comme ils l’ont déjà fait dans le dossier Bygmalion. De par ses anciennes fonctions et le nombre d’enquêtes dans lesquelles son nom apparaît, Nicolas Sarkozy est le client le plus brûlant du pôle financier. Il est aussi, ces dernières années, celui qui a le plus violemment attaqué « ses » juges d’instruction. Particularité des affaires politico-financières, les justiciables sont des gens de pouvoir qui n’hésitent pas à faire pression et à remettre en cause les juges. Nicolas Sarkozy se montre fidèle à une longue lignée de responsables politiques, de la gauche à l’extrême droite, qui ont choisi de s’en prendre publiquement aux magistrats qui les poursuivent. Il existe trop d’exemples pour les livrer tous ici, mais en voici quelques-uns parmi les plus significatifs de ces vingt dernières années.
L’affaire « Paul Bismuth » est un modèle du genre. Invité sur un plateau de TF1 en juillet 2014, Nicolas Sarkozy fait plusieurs fois référence à Claire Thépaut et Patricia Simon, les juges d’instruction qui l’ont mis en examen la veille pour corruption active et trafic d’influence. Tout au long de l’entretien, l’ancien Président appelle les magistrates « les deux dames ». « Je me suis assis dans le fauteuil face à ces deux dames, juges d’instruction… Elles m’ont signifié, sans même me poser une question, trois motifs de mise en examen, avant même d’avoir répondu à quoi que ce soit. » Parmi les deux dames, Nicolas Sarkozy a une cible préférée : Claire Thépaut, qu’il sait adhérente du Syndicat de la magistrature, très à gauche. Le syndicat a appelé à voter contre Nicolas Sarkozy en 2012. Une belle opportunité de mettre en doute l’impartialité de la juge, dont il demande ensuite la récusation (sans succès).