Nous ne connaissons ni son nom, ni son prénom. Elle refuse de nous les dire pour garantir son anonymat le plus strict, ne pas s’exposer à la hiérarchie. Pourtant, ses propos n’ont rien de sulfureux, mais le silence est de mise dans la police nationale. Quoi que l’on dise, parler expose à de gros risques. Après quelques échanges via Twitter, celle que nous appellerons « Marie » accepte de nous parler au téléphone. La jeune femme est entrée à l’école de police il y a deux ans et travaille à Police secours depuis 2019. Elle intervient dans un de ces quartiers sensibles de la petite couronne parisienne, là où les rapports entre les forces de l’ordre et les jeunes peuvent être particulièrement tendus, encore plus depuis le confinement. Elle nous raconte les difficultés du boulot, les faux appels pour tendre des embuscades aux patrouilles, les tirs de mortier… Une réalité bien loin de l’idéal pour lequel la policière a embrassé la fonction : « Je déteste l’injustice, je voulais faire la chasse aux méchants et aider les personnes en détresse », confie-t-elle. Quand nous évoquons les accusations de racisme à l’encontre de la police nationale, Marie objecte : « On paye pour certains collègues, on nous met sur le dos des faits dont nous ne sommes pas responsables. » Elle insiste sur la mixité des équipages de police : « Comment on peut nous dire qu’on est racistes alors que je patrouille avec un Noir et un Asiatique ? » On sent la blessure dans sa voix.
Les jeunes ne comprennent pas pourquoi nous agissons ainsi, mais c’est la loi, nous n’avons pas à nous justifier.
Comment ne pas la croire sincère ? Sur son temps libre, il lui arrive, en dehors de tout cadre, d’aller en civil avec des collègues tenter de discuter, de renouer le dialogue avec les gamins des cités.