Elle les connaît bien tous les deux. Benoît
et Arnaud
, elle parle d’eux en les appelant simplement par leur prénom, signe d’une camaraderie ancienne. C’est avec eux que Barbara Romagnan a partagé ses meilleures années en politique. Quand, après le désastre de 2002, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et d’autres au PS se sont unis pour repenser l’avenir de la gauche. À l’époque, après l’élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle, les ambitions n’étaient pas ratatinées. Il fallait refonder le contrat démocratique entre tous les Français
, sans ravaudage
, avec une nouvelle Constitution, donc une nouvelle République
. Barbara Romagnan garde de ce compagnonnage de bons souvenirs et une forme d’amitié militante, « d’affection » pour ceux qui ont partagé ce combat. Aujourd’hui, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg sont tous les deux candidats dans la course présidentielle. Barbara Romagnan voit les deux hommes se dresser en alternative à François Hollande. Est-ce vain ?
Le premier, à 49 ans, a choisi un plateau télé pour l’annoncer, quelques jours avant le discours de rentrée du second, ce dimanche 21 août à Frangy-en-Bresse. Je suis candidat à l’élection présidentielle et je participerai à la primaire
, a déclaré Benoît Hamon, proposant notamment un nouveau modèle de développement
et un nouveau modèle démocratique
pour le pays. Arnaud Montebourg, 54 ans, a choisi, lui, d’autres mots ce dimanche : La responsabilité que j’ai décidé de prendre qui est pleine de difficultés et d’épreuves à venir, c’est celle de me battre pour que nos idées arrivent enfin au pouvoir.
Il a annoncé sa candidature et son projet pour la France, sans préciser s’il se pliait à la primaire.

Barbara Romagnan est une députée socialiste que je suis mois après mois, pour Les Jours, racontant son activité de parlementaire comme ses tourments de socialiste frondeuse. Dans le premier épisode où elle apparaissait, nous étions à Besançon où la députée du Doubs habite. Un soir d’hiver, devant une salle comble de 400 personnes, elle défendait le principe d’une primaire de toutes les gauches. C’était il y a six mois. Elle y croyait – voulait y croire – et voulait donner toutes ses chances à ce processus démocratique. Mais souvent en politique, la foi s’amenuise.
Elle a une petite voix au téléphone après une angine carabinée. Mais la conversation dure longtemps.