Le terre-plein est battu par le vent. Quelques voitures sont garées sur le parking devant les pavillons. Tout est neuf et propre. Le lotissement est sorti de terre à l’été. Maisons individuelles et petits immeubles se font face, dans cette résidence construite sur la commune de Nandy, à proximité du village, en Seine-et-Marne. On est à 40 kilomètres à l’est de la capitale. Une partie est encore en chantier. Sur l’un des bâtiments, les vitres ne sont pas encore posées. Les habitants ont acheté sur plan à environ 2 500 euros le mètre carré. Une majorité de jeunes couples, actifs, la plupart employés, techniciens et cadres moyens, travaillant souvent en horaires décalés. Le plus souvent, ils posent ici les premières pierres d’un rêve d’ascension sociale.
Faure comme les machines à laver : F-A-U-R-E.
Olivier Faure est le député de cette circonscription à l’habitat horizontal qu’il présente sur son blog comme un Far West où tout est encore possible
. Il sonne à l’interphone, piétine, patiente. L’élu vient à la rencontre de ces nouveaux habitants de la France des pavillons, une France silencieuse dont il aime à prendre le pouls. Ils ouvrent et, soudain, la politique est à leur porte. J’ai l’impression qu’elle ne fait pas souvent irruption dans leur vie. Là, elle est en chair et en os : une grande silhouette en parka portée par-dessus un costume sombre, un regard plongeant, des cheveux bruns qui commencent à devenir poivre et sel. Bonjour, je suis votre député, je viens vous voir. Comme le quartier vient de se faire, je viens saluer tout le monde…
Parfois, les riverains laissent échapper leur surprise : Ah ! Je ne m’y attendais pas.
Pour qu’on se souvienne de son nom, Olivier Faure dit : C’est facile, Faure comme les machines à laver : F-A-U-R-E.
Il épelle, il sourit. Je ne l’entends jamais dire qu’il est socialiste.
La jeune femme est aide-soignante dans une clinique du département. Elle est en repos. Olivier Faure engage la conversation dans le couloir. Comment se passe l’installation ? A-t-elle des problèmes à signaler ? La jeune femme hésite et lui parle de l’isolation des parties communes du bâtiment. Ah ! Ça, ce n’est pas du ressort du député
, répond-il cordialement. Elle se ravise : Sinon, ça va, tout le monde est gentil.
Il la rassure : Je ne suis pas là pour chercher les soucis, mais pour vous dire que vous avez des élus, qu’on est accessibles.
Je n’ai rien de spécial à dire, et puis je ne suis pas à râler, je ne m’intéresse pas à tout ça…
, lui explique-t-elle, très honnêtement.