À Plestan (Côtes-d’Armor)
C’est un petit ruisseau dont les eaux sont grises et l’écume blanchâtre. On l’a arpenté mi-juin sur plus d’un kilomètre à Plestan, dans les Côtes-d’Armor, à côté de Lamballe-Armor. Plus on avançait, plus il sentait les canalisations. C’est Bernard Calfort, président de l’Association agréée pour la pêche et la protection des milieux aquatiques (AAPPMA) du village voisin de Plénée-Jugon, qui a alerté sur le désastre au début du mois. Sur place, il décrit : « C’était encore pire quand je suis venu la première fois. L’odeur était insupportable et l’eau encore totalement trouble. » Au bout du chemin, une ferme géante : plusieurs hangars, des grands silos, des tas recouverts de bâches, des éoliennes et un méthaniseur, soit une immense cuve surmontée d’un dôme où est produit du « biogaz » par fermentation de matières organiques. Une technologie en plein boom, en Bretagne comme ailleurs. D’après les informations et les témoignages que nous avons pu recueillir, l’origine de la pollution se trouve ici.
Mais d’abord, un peu de contexte. Dans les environs de Lamballe-Armor, une ferme pareille ne détonne pas. La commune vit grâce à l’agroalimentaire, c’est la capitale du cochon. Entre le centre-ville et la nationale 12, l’abattoir porcin de la Cooperl est le plus grand de France : 50 000 bêtes y sont tuées chaque semaine. Pour l’alimenter, il faut élever du porc en masse.