Pendant trente ans, un État a volontairement pollué une partie choisie de son territoire et a gravement mis en danger la santé de ses citoyens. Cet État, c’est la France, qui a fait exploser 193 charges et bombes atomiques dans le ciel et le sous-sol de la Polynésie française entre 1966 et 1996. Le 27 juillet dernier, collier de fleurs et de coquillages autour du cou, Emmanuel Macron lâchait à Papeete ceci au sujet de ces essais nucléaires : « Je vais vous dire très franchement les choses. Je pense que c’est tout à fait vrai, on n’aurait pas fait ces mêmes essais dans la Creuse ou en Bretagne. » Avant d’ajouter : « On l’a fait ici parce que c’était plus loin ; on l’a fait ici parce qu’on se disait : “C’est perdu au milieu du Pacifique.” »
Ces aveux résument la logique de nombre de dirigeants et de décideurs. En gros, ce n’est pas si grave de polluer si on le fait loin de chez soi. Sauf qu’il y a toujours des êtres vivants et très souvent des humains qui habitent dans ces endroits perçus comme « éloignés » ou « perdus ». En Polynésie française, certains essais ont ainsi exposé plus de 100 000 personnes à des doses dangereuses de radioactivité. Une enquête publiée en août par le site d’investigation Disclose en a dévoilé les conséquences sanitaires : on déplore un cluster de cancers localisés sur les îles exposées. Les femmes polynésiennes quadragénaires affichent ainsi le taux de cancers de la thyroïde le plus important au monde.
Des cancers à cause d’une pollution volontaire ? Cela rappelle un autre scandale français, nommé chlordécone.