Tout l’été, « Les Jours » vous plongent dans un autre monde, celui de la justice française de 1973. Du lundi au vendredi à midi, nous publions des extraits des minutes correctionnelles du tribunal de grande instance de Paris d’il y a tout juste un demi-siècle. Un regard sur les délinquants du passé avec les mots de l’époque (lire l’épisode 1, « La délinquance, c’était mieux avant ? »). En accès libre.
«Prévenues : Aimée Lefebvre, née Poirier, née le 29 septembre 1919 à Paris XIIIe, mariée, quatre enfants, agent hospitalier, demeurant 2, rue des Rosiers à Paris IVe, actuellement détenue à la prison de Fleury-Mérogis, en Essonne, de nationalité française.
Josée Baron, née le 29 septembre 1949 à Puteaux, dans les Hauts-de-Seine, célibataire, secrétaire médicale, demeurant 2, rue Regnault à Paris XIIIe, de nationalité française.
Attendu que par ordonnance de monsieur Couzin, juge d’instruction au tribunal de grande instance de Paris, en date du 30 mai 1973, femme Lefebvre née Poirier Aimée a été renvoyée devant ce tribunal sous la prévention d’avoir, à Paris, de juin 1969 à juin 1972, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violences ou par tout autre moyen, procuré ou tenté de procurer l’avortement de femmes enceintes ou supposées enceintes, qu’elles y aient consenti ou non, et notamment de Besson Josiane, de Lounas Sofia et de Morel Edmonde ; femme Baron Josée sous la prévention d’avoir, à Paris, dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, avec connaissance, aidé ou assisté l’auteur dans les faits qui ont préparé ou facilité ou dans ceux qui ont consommé les avortements ou tentatives d’avortement provoqués par Poirier Aimée sur quatre femmes enceintes ou supposées enceintes notamment Besson Josiane et Lounas Sofia et s’être ainsi rendue complice.
Attendu que dame Poirier a reconnu avoir, pendant trois ans, effectué des avortements à raison de trois environ par mois, qu’elle demandait des sommes variables allant jusqu’à 800 francs. Attendu que dame Baron Josée a reconnu avoir servi d’intermédiaire à quatre reprises entre des candidates à l’avortement et la femme Poirier.
Le tribunal déclare femme Lefebvre née Poirier Aimée coupable d’avortements, femme Baron Josée coupable de complicité d’avortement ; condamne femme Aimée à dix-huit mois d’emprisonnement dont six mois avec sursis et 1 000 francs d’amende, Baron Josée à deux mois d’emprisonnement avec sursis. »