Tout l’été, « Les Jours » vous plongent dans un autre monde, celui de la justice française de 1973. Du lundi au vendredi à midi, nous publions des extraits des minutes correctionnelles du tribunal de grande instance de Paris d’il y a tout juste un demi-siècle. Un regard sur les délinquants du passé avec les mots de l’époque (lire l’épisode 1, « La délinquance, c’était mieux avant ? »). En accès libre.
«Prévenu : Luc Tissier, né le 30 mai 1949 à Paris, marié, sans enfant, coursier, demeurant au 2, rue des Dames à Paris XVIIe, actuellement détenu à la prison de la Santé, de nationalité française.
Attendu que par ordonnance de l’un des juges d’instruction de ce siège, en date du 25 mai 1973, Tissier a été renvoyé devant ce tribunal sous la prévention d’avoir à Paris, courant 1973, sciemment vécu avec Fevrier Geneviève, se livrant habituellement à la prostitution ; reçu des subsides ou partagé sous une forme quelconque les produits de la prostitution de cette personne ; avec ces circonstances que Fevrier Geneviève était mineure jusqu’en février 1973 et qu’il était l’époux de la victime.
Attendu qu’il résulte de l’information et des débats que Tissier a vécu des produits de la prostitution de son épouse née Fevrier Geneviève, qui a précisé que son mari était au courant de son activité professionnelle. Attendu que Tissier a reconnu à la police qu’il avait tenu à son épouse de surcroît des propos équivoques de nature à laisser penser qu’il encourageait une telle activité et qu’il n’a pu justifier d’aucunes ressources provenant d’une occupation salariée. Attendu que Tissier n’a pu ignorer que sa femme tirait ses ressources de la prostitution, celle-ci recherchant ses clients souvent fort tard dans la nuit ; attendu que la prévention est établie.
Le tribunal déclare Tissier convaincu et coupable de proxénétisme, délit qui lui est reproché, condamne Tissier à la peine de six mois d’emprisonnement ; ordonne son maintien en détention pour conserver le condamné à la disposition de la justice. »