«Tout à l’Élysée est basé sur ce que l’on peut vous prêter en termes de proximité avec le chef de l’État. Est-ce qu’il vous a fait un sourire, appelé par votre prénom, etc. C’est un phénomène de cour », analyse Alexandre Benalla dans une interview qu’il accorde au Monde, le 26 juillet 2018. Le chargé de mission s’est lancé dans une opération déminage, huit jours après la révélation d’une vidéo où il violente deux jeunes gens en marge des manifestations du 1er mai 2018, place de la Contrescarpe, à Paris. Alexandre Benalla s’explique sur son port d’armes, dont la demande est passée par le cabinet du chef de l’État, sur son badge pour accéder à la salle de sport de l’Assemblée nationale, sur son habilitation secret-défense… Mais « je n’ai pas les codes nucléaires », se justifie-t-il, après avoir assuré, aussi, n’avoir « jamais détenu les clés » de la maison du couple Macron au Touquet : dans la presse, une photo a ressurgi d’une balade à vélo avec le président de la République et la Première dame dans la station balnéaire du Nord-Pas-de-Calais. L’interview accordée au Monde ne doit rien au hasard. Elle se déroule en présence de deux intermédiaires : Marc Francelet, sulfureux journaliste reconverti en apporteur d’affaires, et la fameuse Mimi Marchand, patronne de l’agence de photo people Bestimage, qui a les faveurs du couple Macron

À seulement 27 ans à l’époque des faits, Alexandre Benalla a parfaitement compris les rouages du pouvoir. Après la vidéo dévoilée le 18 juillet 2018, les révélations sur son rôle auprès d’Emmanuel Macron, son parcours et sa personnalité font quotidiennement la une. La découverte de son omniprésence auprès du chef de l’État nourrit largement la crise. « C’est un malin, qui a séduit le couple Macron pendant la campagne présidentielle, où il manquait beaucoup de petites mains. Puis, peu à peu, il s’est infiltré partout », explique aux Jours Jean-Pierre Sueur, sénateur socialiste, qui a coprésidé la commission d’enquête du Sénat. « Il obtenait tout, comme s’il était perçu par les équipes de l’Élysée et de la préfecture de police comme étant couvert par une sorte d’immunité présidentielle », poursuit-il. Alexandre Benalla a été auditionné à deux reprises par les sénateurs.