Les parents de Clément Méric étaient restés silencieux jusqu’ici. Depuis le balcon de la mezzanine de la cour d’assises de Paris où sont installés les journalistes, on apercevait le couple aux cheveux gris pour elle, blancs pour lui. Entourés de leurs deux filles, concentrés et parfois enlacés, ils prenaient des notes sur leurs cahiers à spirales ou échangeaient quelques mots avec leurs avocats. Aux suspensions d’audience, ils dégageaient une certaine sérénité dans l’épreuve. Ce jeudi matin, quand la présidente Xavière Siméoni leur a proposé de sortir pour s’épargner l’audition de deux médecins légistes, ils ont préféré rester à leur place et encaisser. Sur les écrans de la cour d’assises s’est affiché un visage aux yeux fermés, gâché par les contusions et les plaies. Paul-Henri et Agnès Méric avaient certainement déjà vu les photos de l’autopsie de leur fils. Ils ont tout de même préféré attendre l’après-midi pour prendre la parole.
Il arrive, lors d’un procès, qu’on souligne la « dignité » d’une famille de victimes, expression douteuse si elle ne vise qu’à remercier ceux qui s’expriment sans pleurer à outrance ou réclamer la peine de mort. Mais la notion de dignité a acquis une autre épaisseur ce jeudi soir, quand Agnès Méric s’est approchée de la barre. Bien sûr, après avoir entendu les accusés et leurs parents (lire l’épisode 3, « Pauvres, blancs, skins »), le contraste social saute aux yeux.