Serge Ayoub n’est jamais aussi content que quand il a le dessus. Appelé à témoigner devant la cour d’assises de Paris le 6 septembre, l’ancien taulier du Local, le QG parisien des crânes rasés, a dégainé un certificat médical qui l’a dispensé de se déplacer pour quelques jours (lire l’épisode 2, « Au procès Méric, bancs dégarnis et crânes regarnis »). Il se sait très attendu et le message est clair : c’est lui qui décide, maître de son propre suspense. Ce mardi midi, les bancs de la presse étaient pleins comme jamais quand Serge Ayoub est sorti de la salle des témoins, prêt pour un one man show en terrain hostile qui inspirera le dégoût de tous, sauf de ceux qui sont d’accord avec lui. Massif, il pose son blouson de moto sur la table et s’appuie nonchalamment sur la barre. Se lance dans une tirade sur l’incompatibilité de son mouvement d’extrême droite, Troisième voie, avec le fascisme. S’autoproclame, en agitant les mains, « héritier du Conseil national de la Résistance ». Sort de son sac le livre qu’il a écrit. La présidente Xavière Siméoni l’interrompt à plusieurs reprises ; lui joue au témoin vexé. « Monsieur, vous pouvez vous éloigner un peu du micro ? — J’y peux rien, j’ai du coffre. » Serge Ayoub est fier de lui, c’est un vrai mec et il veut que tout le monde le sache. La présidente l’appelle, sans succès, à adapter son ton aux circonstances. Les accusés baissent les yeux.
Jusqu’ici, il n’était qu’une ombre planant au-dessus du procès.