Aux assises, le temps est élastique. Chaque journée oscille entre des heures très denses, habitées d’une grande intensité émotionnelle, et des moments qui, sans être creux, ont une vocation informative. Après les tensions provoquées par la venue de Serge Ayoub au procès des agresseurs de Clément Méric (lire l’épisode 7, « Serge Ayoub, le moniteur de skins »), l’audience s’est ouverte plus calmement ce mercredi matin. Devant un public réduit, la cour devait entendre psychologues et psychiatres, chargés d’éclairer le jury sur les accusés. Aux yeux des experts, qui les ont rencontrés en 2013 et 2014, aucun ne souffre de troubles mentaux. On en apprend un peu plus sur le « sentiment de persécution » de Samuel Dufour, « pas très doué pour rendre compte de sa vie psychique » mais persuadé d’avoir été injustement jeté en prison pour des raisons politiques. La présidente, Xavière Simeoni, a aussi remarqué son « immense solitude ». Esteban Morillo présentait aux experts un profil plus lisse, dénué d’opinions politiques et empreint de « culpabilité » quant à la mort de Clément Méric. Une fois les psys remerciés, Xavière Simeoni lit quelques procès-verbaux et fait le point : il est temps de clore les débats proprement dits pour passer aux plaidoiries, qui ne peuvent être interrompues, en commençant par les parties civiles.
Pour les avocats de la famille de Clément Méric comme pour ceux de ses camarades, la priorité est de convaincre le jury que la mort du jeune homme n’est pas due à « une rixe entre bandes rivales » mais bien à « une agression caractérisée », commise par un groupe politisé contre un autre.