Ce jeudi, les réquisitions sont venues rappeler qu’une cour d’assises peut se transformer en souricière. Les accusés du procès Méric comparaissaient libres. Tous les midis, ils trouvaient un peu de répit en déjeunant au restaurant, près du palais de justice de l’île de la Cité, à Paris. L’accusation a brusquement déchiré cette illusion de liberté en matérialisant la menace qui plane au-dessus de leurs têtes : ce vendredi, ils risquent de quitter cette salle d’audience avec les menottes et de partir en prison pour des années. L’avocat général a requis quatre ans de prison, dont deux ferme, contre Alexandre Eyraud. Sept ans de réclusion criminelle contre Samuel Dufour. Et douze ans contre Esteban Morillo. Rémi Crosson du Cormier a demandé au jury de retenir contre eux les circonstances aggravantes envisagées : l’arme – qu’il s’agisse de bagues, d’un poing américain ou des deux – et la réunion, c’est-à-dire le fait d’avoir agi en groupe. L’avocat général a ainsi voulu répondre à la « colère sociale » déclenchée par cette « affreuse histoire qui s’est soldée par la mort d’un jeune homme à peine majeur » à l’issue d’un « affrontement évitable ».
Messieurs Morillo, Dufour, Eyraud, sachez bien que vous n’êtes pas jugés parce que vous étiez skinheads, tatoués et militants.
Si les peines demandées sont lourdes, l’avocat général ne s’est pas trop foulé dans sa démonstration. Peut-être a-t-il estimé que, malgré les récits diamétralement opposés dressés à l’audience (lire l’épisode 5, « Rixe à mille inconnues »), les faits parlent d’eux-mêmes.