Le 22 juillet 2000, des ramasseurs de champignons découvrent des ossements humains dans le bois de Sugny, en Belgique, tout près de la frontière française. Déposé sous un sapin, « à même le sol, dans ce grand massif forestier très giboyeux par quelqu’un d’avisé », selon l’enquêteur belge appelé sur place, « le cadavre est décharné, attaqué par les animaux sauvages. Les os sont éparpillés dans un rayon de 5 kilomètres », dans cette zone à sangliers à laquelle peu de gens ont accès, à part les débardeurs. Alerté, le commandant Daniel Bourgard de la police judiciaire (PJ) de Reims, chargé des crimes dans la région, se rend sur les lieux, « à 300 ou 400 mètres de la route qui longe la frontière au nord de Floing (Ardennes) jusqu’à Bouillon, en Belgique », explique-t-il aux Jours. Sur la scène de crime, les restes d’un jean corsaire, d’un chemisier blanc et d’une basket Adidas bleue de pointure 38 correspondent à la tenue d’une jeune femme disparue : Céline Saison, 18 ans, enlevée le 16 mai 2000, à Charleville-Mézières. Un officier de PJ de Reims se fait cette réflexion à haute voix : « Tiens, on est à une paire de kilomètres du château de Fourniret, où on l’avait entendu en 1990 » (lire l’épisode 9, « Michel Fourniret cerné par les soupçons »). Mais ça ne fait pas tilt dans leur esprit.
À cette époque-là, dix ans auparavant, la PJ de Reims enquêtait sur le blanchiment d’argent d’Action directe et sur un trafic d’armes entre la France et la Belgique.