Alors que le gang des postiches prend des grandes vacances pour échapper à la police après avoir dévalisé les banques parisiennes, Michel Fourniret, qui vient de reconnaître quinze agressions sexuelles, atterrit le 23 mars 1984 à Fleury-Mérogis, dans l’Essonne (lire l’épisode 1 et 2). C’est ici, au premier étage de l’aile gauche du bâtiment D3, dans la cellule numéro 63, que tout va se nouer entre Michel Fourniret et Jean-Pierre Hellegouarch, voyou « politique » breton de la mouvance d’Action directe. Leur cohabitation en cellule durera à peine un mois. Contre toute attente, la rencontre entre ces deux hommes que tout opposait, le braqueur de gauche et le chasseur de vierges, allait perdurer et devenir mortelle.
Enregistré sous le matricule 130 655, Michel Fourniret, « primo-arrivant » tombé à plus de 40 ans pour une affaire de « mœurs », réunit tous les critères du prisonnier « à risques » pour l’administration. Alors, on l’affecte dans une « triplée » réservée aux « psychiatriques » et aux « suicidaires ». Fleury-Mérogis, la plus grande prison d’Europe, loge plus de 5 000 détenus dans cinq bâtiments en forme d’hélices à trois pales appelés « tripale ». C’est dans cette gigantesque geôle, au premier étage, que l’on envoie un voyou « politique », Jean-Pierre Hellegouarch : « À Fleury, j’ai été mis dans une cellule que l’on appelle une triplée car la pénitentiaire prévoyait une personne équilibrée et deux autres plus instables », expliquera ce Breton.