Ce 3 octobre, la 14e chambre correctionnelle du tribunal de Bobigny est pleine à craquer, elle qui juge chaque premier jeudi du mois des fonctionnaires de police basés en Seine-Saint-Denis (lire l’épisode 1, « Poulets grillés en Seine-Saint-Denis »). Quelques dizaines de personnes, militants contre les violences policières pour la plupart, doivent rester aux portes de la salle d’audience. À l’intérieur, le public se divise en trois : les familles des deux parties civiles, Nordine A. et Merryl B., prennent la moitié des bancs. Les journalistes, nombreux, occupent les premiers rangs et, derrière eux, des fonctionnaires venus en soutien de leurs collègues, les brigadiers Valentin L., 30 ans, et Jonathan F., 33 ans, jugés pour des violences par personnes dépositaires de l’autorité publique et commises avec leurs armes de service. Ce jeudi, c’est le seul dossier de la journée. Et il est lourd.
Les faits remontent au 16 août 2021. Ce soir-là, Nordine A. et Merryl B. ont dîné à Paris. Le couple rentre à Stains, en Seine-Saint-Denis. Lui conduit la Citroën C2, elle se repose sur la banquette arrière, allongée. Une voiture banalisée s’arrête à côté d’eux au niveau d’un feu rouge. À son bord, un équipage de la brigade anti-criminalité (BAC) de la ville, sans gyrophare ni brassards visibles. Ils ont vu, disent-il, Nordine A. faire des « zigzags » sur la route. Un premier échange à la teneur inconnue a lieu.