Depuis trois semaines, la question se posait : au vu du procès qui se déroule sous leurs yeux, que peuvent bien penser les procureurs ? Après les échanges tendus du premier jour, le 13 mars, on avait lu sur leurs lèvres un très bref échange. « Ça va être tout le temps comme ça ? », s’était enquis le substitut Nicolas Renucci auprès de son collègue plus expérimenté. « Oui », avait simplement répondu Olivier Christen, lucide. Étant donné son passé à la section antiterroriste, celui-ci était la cible préférée de la défense, apostrophé tantôt par Me Assous voulant lui faire « jouer le rôle de Jean-Claude Marin », tantôt par Julien Coupat, dans des formes inhabituelles. « Camarade Christen » une fois, « Alors, Christen ? » une autre, forçant la présidente à le corriger : « Monsieur le procureur. » Pour respecter le protocole qui sied à une enceinte judiciaire, Olivier Christen a tenté de garder un visage impassible, continuant à prendre des notes, écartant les questions de la défense du dos de la main. Moqué par le public à chaque intervention, acceptant de temps en temps de rire à une blague (il y en a eu beaucoup), Olivier Christen a tout de même pris la mouche quelques fois. Il se levait alors pour en découdre avec l’avocat de sept des prévenus Jérémie Assous en gigotant du haut de sa chaire, ses mains cachées dans de larges manches noires le faisant ressembler à un curé de dessin animé.
Le ministère public n’a pas peur du dossier qui, comme tous, a ses forces et ses faiblesses.
Pour les réquisitions de ce mercredi, le jour des procureurs en quelque sorte, la présidente Corinne Goetzmann lance un avertissement au public : tout fauteur de troubles, de rires ou d’éclats de voix sera viré de la salle.