Si vous avez quelque chose de très urgent à faire, urgent au point de devoir laisser cet article en plan (réfléchissez bien, tout de même), ne retenez que ceci : alors que le procureur demande la condamnation des huit prévenus de Tarnac (lire l’épisode 11, « Dans ses réquisitions, le parquet flottant »), la défense veut huit relaxes. Malgré les tensions des deux premières semaines, toutes les parties s’accordent à dire que cette audience très attendue aura permis de tout remettre à plat, une bonne fois pour toutes (si personne ne fait appel). Ce jeudi, en commençant sa plaidoirie, Claire Abello, l’avocate qui collabore avec Jérémie Assous à la défense de sept des huit prévenus, l’a rappelé la première : après une instruction pendant laquelle « presque tous les actes demandés par la défense ont été refusés » (auditions, reconstitutions, etc.), les prévenus et leurs avocats avaient « besoin de ce moment ».
Avec des arguments juridiques assez subtils, Claire Abello a tenté de convaincre le tribunal que ni le recel de vol reproché à Manon Glibert et Christophe Becker, ni la tentative de falsification d’une carte d’identité, délits par ailleurs « complètement secondaires dans ce dossier », n’étaient prouvés. Elle a également dénoué la corde qui relie Julien Coupat, Elsa Hauck et Bertrand Deveaud à la manifestation de Vichy, en novembre 2008. Leur « projet commun », évoqué par le procureur dans ses réquisitions, aurait été « de faire tomber une barrière pour passer, pas de s’en prendre aux forces de l’ordre ». Pas suffisant pour prouver une association de malfaiteurs, a-t-elle expliqué, puisque celle-ci implique de mijoter un délit puni d’au moins cinq ans de prison.

Mais cette douzième journée d’audience a surtout reposé sur la plaidoirie de Marie Dosé, l’avocate d’Yildune Lévy. Elle a commencé par évoquer les « dommages collatéraux » de ce dossier : Gabrielle Hallez et Aria Thomas, mises en examen jusqu’au bout pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, blanchies in extremis au moment du renvoi de l’affaire devant le tribunal. Charles Torres, Tessa Polak, Clément Alexandre, les amis des prévenus arrêtés mais jamais poursuivis. Maryvonne Hallez, la mère de Gabrielle Hallez, « prof de maths de 64 ans » tirée du lit par la police antiterroriste en 2008, placée en garde à vue en même temps que sa fille, et aujourd’hui décédée. Si Marie Dosé parle d’eux, c’est pour rappeler avec force que ces procédures antiterroristes