Les deux lettres couleur de sang du logo donnent le ton. Puis viennent le verbe agressif et la litanie de théories du complot… V_V (en référence au film V pour Vendetta) ou Vivi (pour « vivants » en italien) a soif de vengeance. Sur les réseaux sociaux, les membres du groupuscule antivax combattent sans répit « l’ennemi », à savoir « la dictature nazie et communiste en place », comme ils l’écrivent sur un de leurs groupes Telegram. Les Vivi disent n’avoir qu’un objectif : « Renverser la société sans violence. » Mais leurs échanges sur la messagerie laissent une tout autre impression. Les dialogues en lettres capitales matraquent la lecture. Le vocabulaire épuise le champ lexical de la guerre. Les photomontages de personnalités politiques attisent la haine.
À partir de ce lundi 2 octobre, onze ex-membres sont jugés au tribunal judiciaire de Paris pour cyberharcèlement, parmi lesquels Linda et Jérôme, un couple installé en Moselle (lire l’épisode 1, « Les Vivi : vis ma vie de cyberharceleur antivax »). Médecins, journalistes, politiques, climatologues, scientifiques, tous en prennent pour leur grade avec les Vivi, car ce sont des « nazis » à la botte d’un gouvernement qui souhaite instaurer un climat de « terreur » afin de manipuler plus facilement la population.
Ces termes, nous les avons entendus lors de séances de recrutement, qui se déroulent chaque mercredi sur le « salon » du groupe Telegram « Rejoins les V_V », l’équivalent d’une conversation téléphonique à plusieurs.