Il faut parfois sortir de la pièce. Sortir de l’espace oppressant de l’hôpital psychiatrique. Ces séquences de 12 jours, le dernier documentaire de Raymond Depardon en salles le 29 novembre prochain, ressemblent à une bouffée d’air que l’on prend avant de repartir dans l’apnée des dialogues entre le patient et le juge. La musique du compositeur Alexandre Desplat accompagne ces respirations.
Quelle place accorder à la musique dans un film documentaire ? La discussion avec Raymond Depardon s’oriente vers des références assumées, les plans de brouillard, exécutés dans une certaine urgence et qui rappellent le film Le Cri, de Michelangelo Antonioni. Raymond Depardon pose son regard sur les patients qui déambulent dans ces extérieurs en attente d’un rendez-vous, d’un soin. Il filme les corps qui exécutent les mêmes gestes à un rythme rapide et nerveux. Une errance contrainte qui marque la crise psychotique. Errance que le photographe-réalisateur connaît bien en tant qu’homme d’image. Cette promenade que l’on fait en étant tendu vers le réel, disponible à l’image que l’on peut faire. Se promener mais dans un but créatif.

Interview : Sébastien Calvet. Son : Jeanne Boezec. Musique originale : Alexandre Desplat, dirigée par Dominique « Solrey » Lemonnier. © Palmeraie et désert/France 2 Cinéma/Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma.
Le réalisateur fait le lien entre le corps des patients, modifié par les traitements, et celui des photographes, qui tournent autour de leur sujet en pleine liberté. On évoque Henri Cartier-Bresson et sa chorégraphie de la prise de vue. Il parle de la seule photo qu’il ait prise sur le tournage, trop accaparé par la tension du film. Une photographie d’un corps qui transperce le brouillard : elle deviendra l’affiche du film.
Découvrez ci-dessous la bande-annonce de 12 jours, en salles le 29 novembre. La suite de cet entretien dès demain.