Postée à l’extérieur de l’hôpital, la caméra de Raymond Depardon suit une femme qui marche. Elle arrive vers nous, peu à peu, elle s’approche. Portée par la musique, la séquence s’attarde sur ce simple mouvement. Arrivée au plus près de l’objectif, la femme s’adresse à l’équipe du film et dit : « Merci pour le café. »
Ce moment de cinéma est récurrent dans les films de Raymond Depardon. Il participe d’une volonté d’affirmer sa présence. Une caméra participante, déjà évoquée dans le film Urgences en 1987. Une caméra qui participe au réel du tournage. Il s’agit ici, de la part de l’auteur de 12 jours, de poser une signature, de dire : « J’étais là. » Cette position est la réponse aux questionnements sur le voyeurisme. Une obsession que le photographe Depardon évoque dans un extrait de l’émission Contacts en 1990, en repassant le fil de ses images.
Pourquoi filmer ces gens-là ? Le cinéaste parle du statut des patients, il souligne la présence de toutes les couches sociales au sein de l’institution psychiatrique. Tout le monde est touché, ou peut l’être. Depardon trouve une distance, juste, filmant les personnages dans un cadre qui leur laisse l’espace et le temps de s’exprimer. Il explique les demandes d’autorisations nécessaires au tournage, un travail essentiel qu’il mène avec Claudine Nougaret. Des discussions avec les patients qui se tiennent hors de la présence des infirmiers.