Parvenus au centre de la vie politique française, le Rassemblement national (RN) et sa cheffe de file Marine Le Pen ne sont pas encore à son sommet (lire l’épisode 1, « À l’Assemblée, les nouvelles brebis galeuses du RN »). Et les deux mois qu’ils vont passer à la barre du tribunal correctionnel de Paris s’annoncent aussi pénibles que périlleux. Dans le délibéré qui devrait être rendu début 2025, après les audiences qui se tiennent de ce lundi jusqu’au 27 novembre, Marine Le Pen risquera pour « détournement de fonds publics et complicité » jusqu’à dix ans de prison et 1,15 million d’euros d’amende (somme pouvant être augmentée jusqu’au double du montant de l’infraction, soit une dizaine de millions). Mais surtout une inéligibilité de dix ans, les juges pouvant faire application d’une disposition spéciale du Code pénal concernant les élus. Une inéligibilité qui pourrait même être immédiate, ce qui annulerait l’effet suspensif d’un appel et empêcherait la patronne du RN, 56 ans, de se présenter une quatrième fois à la présidentielle dans trois ans (ou avant).
Cependant, si les juges optent pour une application non immédiate, dans l’hypothèse d’un appel, celui-ci serait donc suspensif. La sanction ne devrait alors pas être exécutoire avant mai 2027, compte tenu des délais habituels : un an à un an et demi pour l’arrêt d’appel, puis autant pour un éventuel arrêt en cassation.