C’était annoncé comme un moment périlleux, la comparution du Rassemblement national (RN), de sa double finaliste présidentielle Marine Le Pen et de vingt-trois autres cadres, élus ou proches du parti d’extrême droite tourne au chemin de croix. Les deux premières semaines au tribunal correctionnel de Paris avaient déjà marqué l’échec cuisant d’un argument classique des procès financiers, qu’on peut résumer par « la loi s’applique modérément voire pas du tout à moi », décliné en diverses demandes procédurales, toutes rejetées (lire l’épisode 5, « Au procès du RN, lourdes preuves et défense légère »). Ces lundi, mardi et mercredi, Marine Le Pen, interrogée sur les cas des assistants parlementaires payés sur son enveloppe de députée européenne et qui travaillaient exclusivement au parti selon l’accusation, a d’abord tenté une autre défense classique des « affaires ». On peut la résumer ainsi : « Je suis élue du peuple et je fais ce que je veux de l’argent obtenu à ce titre. » Là, la prévenue, venue à la barre avec une pile de documents et d’argumentaires écrits, a été rudement envoyée dans les cordes par la présidente Bénédicte de Perthuis ce lundi. L’échange avec la magistrate concernait le cas de Catherine Griset, assistante puis cheffe de cabinet de Marine Le Pen au parti, payée comme assistante parlementaire de 2006 à 2016.
« Mme Griset était payée par le Parlement européen.
Sur notre enveloppe, oui [chaque eurodéputé avait à l’époque une enveloppe mensuelle de 21 000 euros pour ses assistants, ndlr].
Votre enveloppe, ce n’est pas un dû, ça appartient au Parlement européen.
Ça appartient aux électeurs.
Non, non. On ne peut pas en faire n’importe quoi. Il n’y a pas de droit absolu à utiliser l’enveloppe comme on l’entend. »
Ce mardi, visiblement piquée au vif, la cheffe de file du Rassemblement national a répliqué à retardement.