Étrangement, c’est un prévenu inconnu et quelque peu subalterne qui a prononcé la phrase qui résume le mieux le procès des assistants parlementaires européens du Rassemblement national (RN). C’était le 30 octobre, alors qu’il déposait de manière un peu embarrassée, blazer à boutons dorés, cheveux grisonnants, intonations gouailleuses. Christophe Moreau, 62 ans, est un des deux experts-comptables poursuivis pour avoir contribué à la fraude reprochée au parti et à vingt-deux de ses cadres et élus (lire l’épisode 2, « Sur la route de l’Élysée, Marine et la peine d’inéligibilité »). Elle consistait, selon l’accusation, à utiliser à destination du parti l’argent public versé de 2004 à 2016 pour financer les assistants parlementaires à Bruxelles (21 000 euros par mois et par député, à la fin de cette époque). Christophe Moreau était « tiers-payant » pour le RN entre 2004 et 2011, chargé d’établir les bulletins de salaire des supposés assistants, de payer les charges sociales et de remplir les autres formalités. En plus de cela
De cette manière, on pouvait siphonner jusqu’au dernier centime en faisant, sur consignes expresses des Le Pen (des kyrielles de mails figurent au dossier), ici un contrat de deux mois pour tel conseiller spécial, là un autre de trois mois pour l’assistante personnelle de Jean-Marie ou encore des contrats d’une seule journée pour untel ou untel.