«Les faits sont inédits par leur ampleur et par leur durée, par leur caractère organisé, systématique et systémique », a asséné d’emblée la procureure Louise Neyton. Après un mois et demi de calvaire à la barre (lire l’épisode 6, « Au procès du RN, le naufrage national de Marine Le Pen »), Marine Le Pen, les vingt-quatre autres prévenus et le Rassemblement national (RN), poursuivi comme personne morale, ont subi une véritable dérouillée juridique de l’accusation, sous forme d’un réquisitoire à deux voix, ce mercredi 13 novembre. Si le tribunal correctionnel de Paris suivait dans son jugement (attendu début 2025) les demandes des procureurs financiers Nicolas Barret et Louise Neyton, la patronne du RN et une partie de l’état-major du parti seraient menacés d’une éviction pure et simple de la vie politique, et ce même en cas d’appel. Le parquet demande en effet l’« exécution provisoire », c’est-à-dire la mise en œuvre immédiate au premier jugement de l’inéligibilité demandée pour tous les prévenus, pour des périodes d’un à cinq ans, selon les cas. Marine Le Pen, concernée sans surprise par la plus longue durée, se verrait ainsi virtuellement chassée de l’Assemblée nationale et interdite d’une quatrième candidature à l’Élysée en 2027 (au plus tard).
Bien sûr, la défense a prévu cette éventualité de l’« exécution provisoire » et prépare déjà une saisine du Conseil constitutionnel afin de demander, le cas échéant, un relèvement de l’immédiateté de la sanction.