Des mots fléchés qui trainent, une grand-mère toute seule dans son appartement qui semble parler à la photo de son mari décédé, et tadam ! Un jeune facteur tout sourire apparaît et se révèle être l’interlocuteur de la mamie finalement pas si zinzin. Vous souvenez-vous de cette publicité diffusée en 2017 lors du lancement de « Veiller sur mes parents », le service – payant – de La Poste proposant aux personnes âgées de recevoir la visite régulière de leur facteur et d’ensuite informer leurs enfants ? Non ? Alors, vous vous rappelez peut-être de la polémique qui a suivi. Un concert d’indignations : « Marchandiser le lien social, quelle horreur ! », « Avant, les facteurs faisaient ça gratuitement », « Quel symbole de cette époque où on laisse les vieux seuls ! », lisait-on ici ou là. Mais la direction de La Poste n’en avait cure. Elle présentait cette offre comme le symbole de sa nouvelle stratégie visant à proposer des services aux personnes âgées, pour faire face au déclin de la distribution de courrier (dont l’activité a diminué d’un tiers en dix ans).
Dix-huit mois après le lancement de ce service controversé, quel bilan peut-on en tirer ? Eh bien, ce n’est pas fameux. Pour reprendre une vieille expression digne d’un président de TF1, on peut même parler de « catastrophe industrielle ». À la date du 31 mai 2018 (soit un an après le lancement du service), seulement 3 251 contrats « Veiller sur mes parents » étaient actifs,