La « start-up nation » souffre d’un problème de fond : elle n’a pas de passé, pas de mémoire. Autant les « jeunes pousses » font un peu de bruit quand elles naissent, autant, après quelques années, la plupart tombent dans l’oubli. Ont-elles réussi à grossir et à créer de l’emploi ? Sont-elles mortes ? Mystère. Si l’on estime à environ 9 000 à 10 000 le nombre de start-up françaises à un instant T, on ignore précisément combien se créent et combien disparaissent. Certaines sources assurent que le taux d’échec oscille entre 50 et 90 % après la traversée de la « Vallée de la mort », ce tunnel qui en terrasse beaucoup entre un et trois ans. D’autres sont rachetées par de plus grosses entreprises. Est-ce une victoire ou un moindre mal, le seul moyen d’éviter la faillite ? Les annonces de rachat ne disent rien des dilemmes des fondateurs. On ignore aussi si les start-uppeurs, souvent très jeunes, poursuivent passée la trentaine. Ou si la soif d’entreprendre, tant adulée dans les grandes écoles (lire l’épisode 3, « HEC, pouponnière à start-up »), s’émousse avec l’âge. Les succès font parler d’eux, les échecs spectaculaires aussi (lire l’épisode 8, « Take Eat Easy : prend l’oseille et défile toi »), mais les destins banals échappent aux radars.
Pour se faire une idée, Les Jours ont remonté le temps jusqu’en 2011, autant dire le Moyen Âge.