Avertissement : cet épisode évoque des violences sexuelles.
On la connaissait alors sous le nom de Susan Thunder. Pour quelqu’un qui vivait de ses impostures, elle ne passait pas inaperçue : elle était particulièrement grande, large de hanches, avec une crinière de cheveux blond clair et toute une collection de blousons avec des logos de groupes sur des écussons
C’est via le réseau téléphonique que Susan s’est immiscée dans le milieu des hackers. À la fin des années 1970 à Los Angeles, la culture du téléphone était en pleine effervescence : il n’y avait qu’à composer un numéro pour entendre des blagues, son horoscope ou une prière. Susan passait le plus clair de son temps à traîner sur les lignes ouvertes, à toute heure du jour et de la nuit. Elle y dialoguait avec des passionnés répondant à des noms de code tels que « Dan Dual Phase » et « Regina Watts Towers ». Certains d’entre eux étudiaient le réseau de téléphonie fixe de fond en comble et se qualifiaient de « phreakers ». Comme Susan et ses copines groupies, ils savaient repérer les portes dérobées.
Pardonnez-moi de vous déranger, mais je dois changer le mot de passe de mon patron. Pourriez-vous m’aider ?
Quand le système téléphonique est passé à l’électrique, les phreakers de Los Angeles se sont intéressés à ses réseaux interconnectés avec la même ferveur et il leur arrivait de se retrouver dans l’arrière-salle d’un restaurant de la chaîne Shakey’s Pizza à Hollywood pour partager leurs dernières trouvailles : comment passer des appels longue distance gratuitement, annuler le montant d’une facture ou s’espionner mutuellement.