C’est un message inhabituel, envoyé sur la boîte mail des arbitres et des personnels de la Fédération française de tennis (FFT), quelques semaines avant l’édition 2020 de Roland-Garros – tenue cette année-là du 27 septembre au 11 octobre et non au printemps, pour cause de Covid. La FFT leur propose alors de prendre part à une expérimentation de « comparaison faciale » durant la compétition. Pour participer, il suffit de cliquer sur un lien affiché dans le corps du mail. Au bout, un formulaire d’inscription détaillant le projet. « La FFT souhaite expérimenter le fonctionnement et l’efficacité de technologies nouvelles, notamment à des fins de sécurité et de contrôle d’accès. Cette expérimentation, réalisée avec le concours de sous-traitants de la FFT, implique le traitement de données à caractère personnel. Ce traitement, intégrant une technologie de comparaison faciale, consistera à vous enrôler afin de valider votre accréditation, et pourra permettre le contrôle de l’accès au stade, ainsi que l’accès à la zone restreinte réservée aux arbitres et au personnel de la FFT accrédité », détaille cette note d’information que Les Jours ont pu lire. L’expérimentation avait été évoquée en janvier dernier dans une réponse du secrétariat d’État chargé du Numérique à une question écrite du sénateur Les Républicains Roger Karoutchi. Mais les sous-traitants de la fédération n’y étaient pas cités. Nous sommes en mesure de l’affirmer, le plus gros d’entre eux s’appelle Thales.
L’entreprise a pu bénéficier d’un privilège rare : tester dans un des tournois de tennis les plus prestigieux au monde des algorithmes de reconnaissance faciale, une technologie aujourd’hui interdite en temps réel sur la voie publique française – seules des expérimentations avec des volontaires sont parfois autorisées, comme lors du carnaval de Nice en 2019 (lire l’épisode 1, « Nice, le “little brother” de Thales »).