Le corps de Ken Eto, alias Tokyo Joe, est affaissé sur le siège conducteur de sa Torino. Du sang coule encore à six endroits de sa tête : là où les trois balles sont entrées, puis ressorties (lire l’épisode 1, « Tokyo Joe, un mafieux pas comme les autres »). Quelques minutes s’écoulent. Ken Eto rouvre les yeux et se redresse.
Quand il reçoit la première balle en pleine nuque, il se dit : « Je le savais. Ça s’est déroulé exactement comme je l’avais imaginé. » Mais quand il reçoit la deuxième balle, il percute : « Je ne suis pas en train de crever. » Au troisième coup, il se met à trembler, tombe sur le côté, a des convulsions. Il joue les affres de sa propre mort. Il entend le bruit des pas de Jay Campise et Johnny Gattuso, les tueurs de l’Outfit, la mafia de Chicago, s’estomper à mesure qu’ils s’éloignent. On lui a tiré trois balles dans la tête et il n’a même pas perdu conscience. Sa chemise est trempée de sang, qui s’accumule sur le siège avant et coule jusque dans ses mocassins. Il souffre énormément, la douleur est insoutenable, et il n’entend pas très bien non plus. Mais il est toujours en vie.
Ken Eto regarde par chacune des vitres et ne voit personne aux environs. Il réussit à ouvrir la porte côté conducteur et sort, non sans mal. Alors qu’il traverse le parking verglacé en titubant, des gouttes de sang tombent de sa tête sur l’asphalte. Il glisse et tombe par terre, mais il parvient à se relever moyennant quelques efforts supplémentaires.