Sur les plateaux télé, à la radio, dans les journaux (de droite, mais pas que), Transmania s’affiche depuis trois semaines. Une « enquête » sur les transidentités qui accumule les clichés homophobes et dont des passages pourraient relever « de l’injure, de la diffamation ou encore de l’appel à la haine », selon l’association SOS homophobie, qui annonce un prochain dépôt de plainte. Mais la publication de ce livre par les militantes « venues du féminisme » Marguerite Stern et Dora Moutot chez Magnus, une maison d’édition étiquetée à l’extrême droite (le YouTubeur Papacito, l’essayiste Laurent Obertone…), s’inscrit dans un contexte plus large de remise en cause de l’existence même des personnes trans.
Une proposition de loi a ainsi été déposée par les sénateurs Les Républicains le 11 avril (le même jour que la sortie de Transmania) pour interdire aux mineur·e·s « tout traitement médical et hormonal de transition de genre » (lire l’épisode 11, « La transe antitrans de la sénatrice LR »). Cette offensive favorise aussi les discriminations à l’encontre des personnes trans. La semaine passée, l’autrice et militante Lexie a expliqué dans une story Instagram avoir été déprogrammée d’une conférence féministe, les organisatrices lui expliquant par mail : « On sait bien que tu n’y es pour rien, mais l’attention et la prise de partie [sont] trop direct[es] pour nous. »
Pour tenter de comprendre cette obsession transphobe, Les Jours ont interrogé le sociologue Emmanuel Beaubatie, chargé de recherche au CNRS et auteur de Ne suis-je pas un·e féministe ? (Seuil, 2024).