Dubail, c’est un passage presque rectangulaire, étrange dans un Paris encore un peu populaire, engoncé au milieu d’un pâté d’immeubles du Xe arrondissement, planté d’ateliers, d’une miroiterie, d’un garage, d’une église derrière un rideau de fer surmonté d’une enseigne lumineuse façon peep-show décati. Deux entrées rejoignent la rue des Vinaigriers et le boulevard Magenta, une autre relie à la gare de l’Est. La quatrième, plus discrète, est une volée d’escaliers déboulant du passage des Récollets sur le 25 dudit passage où siège La France insoumise. Rien moins que le centre du monde de la gauche, ces jours-ci : c’est là qu’est née Nupes, et les parents sont très contents, merci pour eux.
« Nupes » ? La Nouvelle union populaire écologique et sociale, voyons. Le nom sur lequel, après moult palabres, les différents partis de gauche et écolo ont réussi à se mettre d’accord avant même que les contrats de mariage ne soient signés. Prononcer « Nupesse », « Nupe » ou « Nupse », c’est selon les interlocuteurs, mais il y a derrière une coalition inédite depuis 25 ans et la « gauche plurielle ». Au milieu, il y a d’abord l’Union populaire de La France insoumise et sa tête de gondole Jean-Luc Mélenchon, ci-devant troisième de l’élection présidentielle avec 21,95 %. Avant, il y a « nouvelle » et derrière « écologique » et « sociale » afin de remaquiller la devanture Insoumise en coalition des partis de gauche. Le premier à s’avancer devant l’autel mélenchoniste a été Génération·s, le parti fondé par l’ancien candidat à la présidentielle Benoît Hamon. Noces faciles conclues le vendredi 29 avril : les idées sont identiques ou presque et la formation riquiqui, qui devrait récolter neuf des 577 investitures pour les élections législatives des 12 et 19 juin prochains. Le deuxième mariage a un peu traîné à être célébré : c’était dimanche soir avec Europe Écologie - Les Verts (EELV), toujours en direct du passage Dubail, juste avant minuit. Deal : une centaine de circonscriptions attribuées aux écolos qui doivent donc renoncer à toutes les autres. Ce mardi, ce sont les communistes qui épousaient à leur tour Jean-Luc Mélenchon moyennant cinquante circonscriptions et des centaines de retraits de candidats du PCF.
Pour le Parti socialiste, on a dû attendre ce mercredi matin pour qu’un « accord de principe » soit trouvé au bout de la nuit, qui doit encore être validé par le Conseil national du PS et attribuerait environ 70 circonscriptions aux socialistes