«Plus personne ne peut me toucher, à part mon copain. Si c’est un médecin, il ne faut pas m’effleurer ni me serrer la main. » Laureen Lecacheur ne s’est pas fait examiner depuis 2020. « Je peux pas. » 2020, c’est l’année où la jeune femme, alors âgée de 24 ans, est séquestrée puis violée par un homme avec qui elle a « matché » sur un site de rencontres. C’est aussi la date d’un autre « viol », celui qu’elle dit avoir subi de la part d’une gynécologue quelques heures plus tard. Il est alors 3 heures du matin, à l’hôpital Sainte Musse de Toulon. Laureen sort tout juste du commissariat où elle a porté plainte. Elle doit à présent être examinée « le plus vite possible » par un médecin.
« Ni un bonjour ni un regard. » La gynécologue lui demande de réexpliquer les faits, « alors qu’elle a le procès-verbal sous les yeux ». La jeune femme ne veut pas d’un énième interrogatoire. « Elle insiste une dizaine de fois, mais je ne cède pas. » La médecin lui « ordonne » alors de se déshabiller et de s’allonger, mais Laureen n’arrive pas à écarter les jambes sur les étriers, elle garde « les genoux serrés », « tremble de tout [s]on corps ». « Elles tirent de toutes leurs forces avec l’infirmière », qui s’appuie sur la jambe de Laureen pour la bloquer. « J’ai super mal. Je me débats. Je me mets à pleurer en les suppliant de me laisser partir. » La gynécologue rétorque que l’examen est obligatoire, puis « rentre le spéculum sans prévenir ».