Ce mardi 14 mai, à 18 heures, elles sont une petite trentaine à se retrouver sur le quai des Célestins, dans le VIe arrondissement de Paris. « On avait besoin de figurants pour occuper l’espace, on pensait qu’il ferait beau, lance à la cantonade l’une des participantes, sous la grisaille des bords de Seine. Vous déposez les portables dans le sac et si la police arrive et qu’il y a une garde à vue, vous gardez le silence. » Elle se reprend : « Non, mais normalement on ne devrait pas aller en garde à vue. Chacun a un rôle ? Allez, on y va. » La petite cohorte militante se met en branle, tachetée de vêtements ou d’accessoires violets, la couleur de la lutte contre les violences faites aux femmes. Toutes se dirigent vers la voie Georges-Pompidou, en contrebas, pour se positionner au pied du pont de Sully qui franchit deux bras du fleuve et l’île Saint-Louis. Les rares badauds parcourant ce quai piéton, noir de monde par beau temps, prêtent un regard distrait à ce groupe qui sort de ses cabas des centaines de petits bateaux rouges et déploie quelques banderoles.
Ce 14 mai, les comités parisiens du collectif #NousToutes ont organisé un « femmage », c’est-à-dire un hommage aux victimes de féminicides. La date n’a pas été choisie au hasard : le 14 mai 2017, Emmanuel Macron est officiellement investi président de la République.