Ils sont venus par grappes entières sur les bancs de la 10e chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Pas mal de ces curieux sont des étudiants, beaucoup de Sciences-Po. Tous sont là pour assister au procès de l’ancien patron de leur prestigieuse école, Mathias Vicherat, et de son ex-compagne, la réalisatrice Anissa Bonnefont, poursuivis pour des violences conjugales réciproques. Quasiment aucun en revanche n’est resté jusqu’à la fin de l’audience. Il faut dire qu’elle fut longue et laborieuse : pendant près de dix heures, le tribunal a décortiqué de fond en comble « la relation toxique » et « complexe » qui unissait les deux prévenus.
Cette histoire, qui aurait pu rester de l’ordre de l’intime, fait irruption dans la sphère judiciaire le 3 décembre 2023. Ce soir-là, après une dispute captée par les caméras du très chic hôtel Lutetia, dans le VIe arrondissement de Paris, au bar duquel Anissa Bonnefont et Mathias Vicherat viennent de s’écharper (elle lui a cassé son portable d’un coup de talon, il l’a ceinturée, ils se sont roulés au sol), ils filent à cinq minutes d’intervalle au commissariat du VIIe arrondissement de Paris. On ne comprend pas bien ce qu’ils comptaient y faire, puisqu’aucun ne souhaite porter plainte, mais au vu de leurs déclarations et de leur état d’énervement, les policiers décident de les placer en garde à vue. À partir de cet instant, la machine judiciaire s’enclenche. Puis leurs pedigrees respectifs achèvent de transformer l’intime en public.