C’est un grondement, un martèlement, une vibration sourde qui part d’un côté de la salle et tourne, tourne, tourne. De leur bouche, ils sifflent et acclament. De leurs bras, ils applaudissent et encouragent. De leurs pieds, ils tapent sur les gradins de bois. Le bruit, que la retransmission télé, toute occupée par la prestation du candidat, n’enregistre pas, démarre en murmure, ronfle et enfle en fracas, mieux que mille slogans, plus fort que les habituels « Dégagez ! » ou « Résistance ! » qu’on ne comptera finalement que sur les doigts d’une seule main. Mercredi soir, Jean-Luc Mélenchon était à Lille et avec lui, autour de lui, pour lui, 25 000 de ceux qui entendent bien le placer au deuxième tour de l’élection présidentielle. 25 000, selon le chauffeur de la salle qui peut en contenir 12 000, mais dehors ils sont peut-être autant qui n’ont pu entrer, tendus devant l’écran géant.
« Félicitations aux hackers du Gorafi qui ont réussi à s’emparer de la une du Figaro. » Forcément, sur scène, Figaro en main, il en soupire d’aise, Mélenchon. Ce mercredi matin, le journal de Serge Dassault a tremblé d’effroi. « Mélenchon : le délirant projet du Chavez français », est-il écrit à la une. Dans un