CORENTIN : Aujourd’hui, Xavier aimerait nous parler d’une série de bandes dessinées qu’il affectionne particulièrement et qui a rythmé toute son enfance, occupant ses….
XAVIER : euh Corentin, pourquoi tu lis mes parties, c’est chaud de copier comme ça. Bon bref, effectivement, aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’une série de bande dessinées que j’affectionne particulièrement
C : *tout bas* j’ai comme une impression de déjà-vu.
X : Une série qui encore aujourd’hui est publiée, même si ce n’est pas tout à fait pareil. Je parle bien entendu de Blake et Mortimer. J’ai lu des tas de choses dans mon enfance, Lucky Luke, Tintin, Spirou, tout ça. Mais Blake et Mortimer gardent dans mon coeur une place tout à fait spéciale, particulière. Alors évidemment j’adore Tintin, mais ce ne sera jamais exactement la même chose.
C : Blake et Mortimer ? C’est pas une marque de perceuse mdr ? Non mais c’est bon Xavier, pas la peine de me faire des gestes obscènes !
X : Blake et Mortimer, c’est un duo de personnages inventés par Edgar P. Jacobs, de son vrai nom Edgard Félix Pierre Jacobs, né à Bruxelles en 1904 et décédé en 1987. Il a notamment assisté Hergé dans la réalisation et la colorisation de plusieurs albums de Tintin. Il y a d’ailleurs quelques caméos. Bref, la carrière de Edgar P. Jacobs est fascinante mais nous sommes là pour parler de Blake et Mortimer. Blake est au départ un officier de l’armée britannique, Mortimer un scientifique de renom, un physicien pour être tout à fait précis.
C : mais comment il se connaissent ces gars-là ? D’où vient ce duo dynamique ?! Dites nous en plus !!!!
X : dans le cadre des huit aventures originales dessinées et scénarisées par Jacobs, on n‘en saura pas beaucoup plus sur leur background. Les albums sortis après la mort de leur créateur s’intéressent de près à la genèse de leur relation. Mais je vais aujourd’hui rester sur les albums de Jacobs. Et déjà, à travers toutes les aventures qu’ils vivent et les épreuves qu’ils traversent, on peut se douter que leurs liens sont très forts.
C : D’accord, mais huit aventures ? Juste huit aventures ? Je pensais qu’il en avait fait plus de son vivant ?
X : alors je dis huit aventures, mais cela fait en réalité douze albums. Trois pour le secret de l’espadon, deux pour le mystère des pyramides, cinq qui ont le droit à un seul tome, et l’aventure finale. Les trois formules du professeur sato verra ses deux parties publiées à vingt ans d’intervalles : l’histoire de Jacobs, décédé avant de pouvoir la terminer, ne verra sa conclusion en 1990 que grâce au travail de Bob de Moor. Mais donc cela fait au total huit aventures, qui nous mènent partout à travers le monde, les époques et même jusqu’aux confins de la science. Et comme intermède musical de cette chronique, je vous propose d’écouter le générique de l’adaptation en dessin animé de la BD !
[Blake & Mortimer]
C : Mais donc ça parle de quoi, en fait, Blake et Mortimer ? Parce que voilà, ok, je sais qui ils sont, je sais combien ils ont vécu d’aventures, mais je sais toujours pas ce qu’ils foutent.
X : Eh bah c’est pas simple à expliquer. Disons que ce sont des aventuriers du surnaturel, de l’inconnu. Je trouve qu’il y a presque quelque chose de psychédélique dans leurs épopées, alors qu’elles se déroulent entre les années 40 et 70, dans une Europe encore assez conservatrice. Il y a par exemple une chose qui me fascine : les trois premiers albums de Blake et Mortimer, le secret de l’Espadon, présentent un conflit entre une nation asiatique fictionnelle, extrêmement puissante, et le reste du monde.
C : une sorte de troisième guerre mondiale sur fond de conflit avec l’URSS un peu non ?
X : Oui il y a de ça ! Toutes les capitales sont détruites à la suite d’un combat rapide et brutal. Une résistance, petite en nombre, et dont Blake et Mortimer font partie, s’organise. Ce conflit fait suite à la deuxième guerre mondiale, mais dans les albums suivants, c’est presque comme s’il n’avait jamais vraiment eu lieu. Du coup, je me suis souvent demandé si tout ça n’était qu’un rêve assez tragique partagé secrètement avec le lecteur. Mais en même temps, certains personnages récurrents viennent de ces albums, dont le méchant principal, Olrik. Alors, que penser ?
C : Je ne sais pas Xavier ! Ce n’est pas moi qui fait la chronique !!! non mais je rêve !!! Continue aussi là !!!!
X : Oh hé bon ça va !!!!! reste sympa stp !!! Dans ses récits, Jacbos évolue d’une façon assez intéressante entre science fiction comme on vient de le voir, mystique avec le secret de la grande pyramide notamment, et même le fantastique avec l’énigme de l’atlantide. Mais souvent, d’une manière ou d’une autre, tout ça est mélangé. De temps à autre, j’ai pu ressentir des malaises presque métaphysiques devant planches. Certains dialogues, très longs et assez profonds, pouvaient mettre mon moi de 7 ans dans des situations d’incompréhension assez fortes, mais j’étais totalement captivé.
C : et les dessins Xavier. On a beaucoup parlé du fond, là, mais les dessins.
X : Eh bien les dessins mon cher Corentin, ils sont superbes. Le style de Jacobs evolue pas mal d’un album à l’autre, on sent qu’il affine son art, mais on reste sur de la ligne claire tout du long. Et son dessin participe grandement à la création des atmosphères parfois oppressantes, toujours impressionnantes. Des flashs lumineux assurés, des figures inquiétantes, des surfaces rugueuses qui pourraient nous râper la peau rien qu’en passant ses doigts sur le papier. Le Piège Diabolique a par ailleurs été censuré dans un premier temps en France en raison, je cite, des nombreuses violences qu’il comporte et de la hideur des images l’illustrant. Fin de la situation. Et c’est vrai que dans cette aventure, Jacobs prend beaucoup de risques, mais ils paient tous et permettent à ce récit de voyage dans le temps post apocalyptique de prendre une profondeur incroyable.
C : bon donc en gros, ce que tu nous dis, c’est qu’il faut lire les aventures de Blake et Mortimer par Jacobs quoi.
X : Alors, moi j’adore, j’y reviens souvent, et je ne peux que vous conseiller de vous y plonger si vous ne connaissez pas. Mon album préféré reste probablement la marque jaune, qui est un classique qui flirte avec la parapsychologie, l’hypnose et le dépassement transhumaniste d’une certaine manière. Globalement, ça a un peu vieilli par certains aspects, notamment l’absence quasi totale de personnages féminins, un peu comme dans Tintin… Mais au final, j’ai un attachement très fort pour ces aventures de Blake et Mortimer par Jacobs, je les aime de tout mon coeur et elles me font, encore aujourd’hui, rêver.
C : Parfait. Eh bien, merci Xavier. Et By Jove, j’te promets qu’on s’reverra.
Avec Blake et Mortimer, Jacobs restera éternellement un diseur de bonnes aventures
Xavier Eutrope voulait nous parler d’une BD qui le fascine pour finir avec « Les Croissants ». Et pour le coup, il y a une série qui lui est immédiatement venue en tête : Blake et Mortimer. Plongeons-nous donc dans cet étonnant univers créé en 1946 par Edgar P. Jacobs !
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