Deadpool 2 revient plus méchamment drôle que jamais, dans le Marvel le plus méta qui soit
C : mes sensibles, s’abstenir. Aujourd’hui, Morgane Giuliani vient nous parler de Deadpool 2, nouveau volet des aventures de l’anti-héros le plus barré de l’univers Marvel. Il est en salles depuis le 16 mai. L’acteur canadien Ryan Reynolds rempile dans ce rôle étrange, après un premier film sorti en 2016.
M : Pour celles et ceux qui sont passés à côté de la tornade Deadpool, petite mise au point. Deadpool est le surnom de Wade Wilson, un ancien militaire des forces spéciale devenu mercenaire, adepte des arts martiaux. Il se retrouve doté de super-pouvoirs après des expérimentations scientifiques menées par le gouvernement canadien, censées le guérir de multiples tumeurs.
C : Il se retrouve doté du même pouvoir d’auto-guérison que Wolverine.
M : C’est en ça que Deadpool est lié aux X-Men, dont il se moque en permanence. Il est indestructible, mais les expérimentations l’ont défiguré. L’histoire aurait pu être ennuyeuse, sauf que Deadpool est a un sens de l’humour hautement corrosif, très très noir, et un certain penchant pour le gore. Aux États-Unis, c’est d’ailleurs le premier film de super-héros à avoir été interdit aux moins de 17 ans non-accompagnés d’un adulte.
C : Ce premier film montrait la genèse de Deadpool, et son histoire d’amour avec une danseuse nommée Vanessa. Qu’en est-il de ce deuxième épisode ?
M : Deadpool continue à pourchasser les méchants, “ceux dont personne ne veut”, les plus véreux, comme les proxénètes. En journée, il décapite, tranche, démembre, avant de rejoindre sa fiancée. Il est accompagné de son fidèle chauffeur de taxi hilarant qui rêve de devenir tueur à gages.
EXTRAIT 1
M : Mais la rigolade ne dure pas. Dans ce nouveau film, Deadpool essaie de faire parler son côté humain et de devenir un peu plus adulte. Il rejoint le manoir des X-Men, chapeauté par Colossus, que l’on voyait déjà dans le précédent film. Le géant d’acier aimerait faire de lui un X-Man responsable, mais Deadpool est bien sûr opposé au respect des règles. Ils interviennent auprès d’un jeune mutant hors de contrôle. Surnommé Firefist, il est capable de générer du feu avec ses mains. Cet ado néo-zélandais est très en colère contre le dirigeant de son pensionnat, qui l’a torturé à cause de ses pouvoirs et voit en lui une abomination. Firefist et Deadpool se retrouvent dans une prison pour mutants, où débarque Cable, un homme venu du futur, doté d’un bras robotique. Oui, ça fait beaucoup penser à Robocop. Son but ? Tuer Firefist.
EXTRAIT 2
C : Deadpool se distingue des autres films Marvel en jouant sur plusieurs niveaux de narration.
M : Il faut s’accrocher car Deadpool alterne dialogue avec les personnages, avec lui-même, en tant que narrateur, et envers la caméra. C’est le seul héros Marvel à franchir le 4e mur, comme on dit, à s’adresser directement aux spectateurs. L’initiative est poussée très loin. À certains moments, par exemple, il singe les scénaristes, les traite de fainéants. Il demande si une scène a été filmée sous le bon angle. On ne sait pas vraiment si c’est un Deadpool très conscient de lui-même qui nous parle, ou tout simplement, Ryan Reynolds, qui sortirait de son personnage le temps d’une réplique. Mais on aurait aussi le voir, au contraire, comme une manière de fusionner totalement avec Deadpool.
C : Incarner Deadpool, c’était un peu LE projet de vie de Ryan Reynolds.
M : L’acteur canadien s’est battu pendant plusieurs années pour faire aboutir ce film. Si ça a pris autant de temps, c’est parce que la Fox refuse de miser sur Deadpool. Difficile de penser que dans l’univers polissé des superhéros Marvel, Deadpool parviendrait à se faire une place. Mais Ryan Reynolds ne se démonte pas. En 2015, quelques premières images sont tournées.
C : Ah oui ! La légende veut qu’elles aient été piratées et publiées sur Internet, c’est ça ?
M : Exactement, mais on soupçonne fortement Ryan Reynolds et son équipe de les avoir mis en ligne eux-mêmes. Quoiqu’il en soit, ces premières images provoquent l’enthousiasme des fans, et convainc la Fox de mettre la main à la pâte. Le rêve du Canadien, entre-temps bien plombé par le bide retentissant de Green Lantern en 2011, devient enfin réalité début 2016. Le film est un énorme succès : plus de 750 millions de dollars de bénéfice. Deadpool reste le bébé de Ryan Reynolds : il a participé à l’écriture et la production de ce 2e volet.
C : Deadpool 2 est d’ailleurs un film très auto-référencé.
M : Oui, c’est à la fois un atout et un problème. Un atout parce que les films auto-référencés flattent l’ego des fans les plus aguerris, créent une proximité avec le personnage. Mais ça devient un gros problème si on ne connaît pas plusieurs anecdotes sur Deadpool, mais aussi, sur les difficultés rencontrées par Ryan Reynolds pour lui donner vie à l’écran, et sa carrière jalonnée de bides. Parmi ces anecdotes, la plus cruciale à connaître est le fait que Ryan Reynolds s’est toujours plaint du tout petit rôle accordé à Deadpool dans X-Men Origins : Wolverine, sorti en 2009. L’acteur a même construit une animosité entre Deadpool et Wolverine. Deadpool 2 s’ouvre d’ailleurs sur un tacle adressé au super-héros doté de griffes en adamantium. Si vous n’avez pas vu Logan, le dernier film qui lui est consacré, sorti en 2017, vous allez être méchamment spoilé. Au moins, ça permet de comprendre que Deadpool 2 se passe après Logan, qui bouleverse énormément de choses dans l’univers des X-Men. En résumé : impossible de saisir toutes les blagues et Easter eggs de Deadpool 2 si on n’est pas à jour. Et c’est bien dommage, car le film est vraiment très drôle, pourvu qu’on ait le goût de l’auto-référencement, des blagues salaces et du second degré.
C : Deadpool se moque aussi des films de super-héros.
M : Là, on atteint le niveau suprême de l’humour méta. Deadpool a beau être arrogant, il ne se prend pas au sérieux, et adore se mettre dans la peau du paria de service. Quand il se retrouve dans le manoir des X-Men, il s’amuse avec le fauteuil et le casque du Professeur Xavier. On a d’ailleurs critiqué Deadpool 1 pour avoir des “sous-X Men”, du coup, dans ce nouveau film, il tente de monter sa propre équipe : les X-Forces. Il fait même des références aux personnages de DC Comics, la maison opposée à Marvel.
EXTRAIT 3
C : Si je te comprends bien, on court voir Deadpool 2 ?
M : Oui. L’intrigue n’est pas extraordinaire, l’intérêt du film réside plus dans son humour au 100e degré. C’est du trolling d’un bout à l’autre, jusque dans la musique. Céline Dion a ainsi sorti une chanson originale pour le film, avec un clip improbable : Ashes. Si vous ne connaissiez rien à Deadpool et Marvel, ce n’est pas handicapant, mais vous risquez de passer à côté de ce qui fait le sel de cet anti-héros : être à la marge coûte-que-coûte, aussi bien dans son comportement que son storytelling. Dernier petit conseil : restez pendant le générique de fin, les 2 scènes bonus sont incroyables.
C : Est-ce qu’un 3e volet solo est prévu ?
M : Pour l’instant c’est mal parti, et même Ryan Reynolds est pessimiste. Il s’agirait plutôt d’un film centré sur les X-Force. Mais on ne sait jamais !
C : Deadpool 2 est déjà dans les salles un peu partout en France. Merci beaucoup Morgane Giuliani et à très vite !
« Deadpool 2» revient plus drôle que jamais, dans le Marvel le plus méta qui soit
C’est le retour du superhéros le plus trash et désinvolte de l’univers Marvel sur grand écran. « Deadpool 2 » est dans les salles depuis le 16 mai dernier et Morgane Giuliani s’est bien marrée. Elle nous en parle.
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