Corentin : Oh la la, c’est quoi ce délire, Thomas ? Tu t’es fourré où pour venir couvert de poussière comme ça ? En plus, t’en mets partout dans le studio, c’est dégoûtant…
Thomas : (tousse) Ah, salut Corentin ! (tousse) Je reviens d’une brocante, et tu devineras jamais ce que j’ai (tousse) trouvé.
Corentin : Bah non, je sais pas. Mais tu veux pas d’épousseter un peu avant de continuer ? Nan, parce que j’ai fait le ménage avant-hier, et…
Thomas : J’ai trouvé une aventure inédite de Donald, Corentin ! Une aventure inédite ! Ca s’appelle Donald’s Happiest Adventures, et j’ai bien l’impression d’être tombé sur une petite pépite. Je suis sûr que je peux en tirer un bon prix sur eBay…
Corentin : Laisse-moi regarder ça. C’est édité par Glénat ? Et pourquoi Lewis Trondheim et Keramidas sont crédités comme auteurs ? Et… hey, Thomas, j’espère que t’as pas payé ça trop cher, parce que ta rareté inédite, elle date de mai 2018...
Thomas : Oui, mais c’est parce que ça réunit l’intégralité des chapitres d’une série de Donald’s Quest inédits, je te dis ! Et c’est Trondheim - dont on a déjà parlé dans une chronique sur Lapinot...
Corentin : ...à réécouter dans le Brunch...
Thomas : ...à réécouter dans le Brunch - et le dessinateur Keramidas qui l’ont exhumé. Y’a vraiment pas d’entourloupe.
Corentin : Mouais. Bon, alors, de quoi ça parle, cette aventure inédite de Donald ?
Thomas : Comme toutes les bonnes aventures, ça commence par une scène du quotidien : Donald rentre chez lui après une journée de travail pour se reposer en lisant un bon bouquin.
Corentin : Sauf que ça va pas se passer comme ça, j’imagine ?
Thomas : On ne te la fait pas ! Effectivement, Oncle Picsou lui passe un coup de téléphone pour l’envoyer récupérer un trésor aztèque qui viendrait gonfler le magot de son coffre-fort. Fatigué par ces missions incessantes, Donald suggère alors à Picsou de trouver le bonheur, plutôt. Du coup, Picsou le lance dans cette quête : trouver le bonheur (et le ramener à Donaldville).
[01 - Ducktales.mp3]
Les plus jeunes (ou les plus vieux) d’entre vous auront reconnu le générique de DuckTales, ou La bande à Picsou, où plutôt sa version la plus récente de 2017.
Corentin : La quête du bonheur, OK, c’est un peu un poncif de la littérature mondiale. Comment est-ce Donald s’y prend ?
Thomas : Il va d’abord demander à plusieurs habitants de Donaldville et ses environs ce qui définit le bonheur. Puis, sur invitation du professeur Donald Dingue, il va voyager en Brutopie, une dictature où tout le monde (sauf le dirigeant) est malheureux. Puis il va dans l’Himalaya pour entrer en contact avec la pierre d’Ataraxia qui a le pouvoir de supprimer les troubles de l’esprit. Puis il va revenir à Donaldville. Et quand il retourne au coffre-fort pour faire un rapport sur sa mission, Picsou a oublié de quoi il s’agissait, son attention s’étant entre temps refocalisée sur le trésor aztèque. Et à la fin, Donald rentre chez lui, retrouve son quotidien et l’apaisement, non sans avoir débranché son téléphone.
Corentin : Attends, tu viens de raconter l’histoire en entier, là ? Nan, mais plus important, surtout, cette quête incessante du bonheur dans des lieux exotiques, pour finir chez soi, ça me rappelle sacrément quelque chose ! Ca serait pas un peu comme Candide de Voltaire, ton machin ? Je sais que le bac de français approche, mais quand même !
Thomas : Effectivement, il y a du Candide dans ce Donald’s Happiest Adventures. Donald appréhende différentes visions du bonheur : le bonheur matériel, le bonheur spirituel, la liberté, le bonheur collectif, le bonheur individuel… La BD essaye d’être exhaustive sur la question, sans être lourdingue.
Corentin : Mais du coup, c’est pour les adultes, ce Donald ?
Thomas : C’est pour tout le monde ! Effectivement, on peut avoir une lecture philosophique de l’oeuvre. Mais la BD est aussi construite comme un assemblage de chapitres publiés épisodiquement. Donc chaque page est une petite histoire dans l’histoire, avec une chute amusante.
En outre, on retrouve dans Donald’s Happiest Adventures tout le casting de Donaldville, avec Gontran Bonheur, Riri, Fifi et Loulou, Picsou, Daisy… C’est parfait si vous êtes amoureux des palmipèdes :
[02 - Je collectionne des canards.mp3]
C’est le refrain de la version originale du titre Je collectionne des canards (vivants) par Andréas et Nicolas, big up à Nantes.
Corentin : Ah oui ! Je connaissais la version d’Ultra Vomit.
Thomas : Oui, elle est plus connue. D’ailleurs, le Nicolas de Andréas et Nicolas est le chanteur d’Ultra Vomit, ceci explique cela. Mais revenons à nos moutons ! Donc on a plein de canards célèbres. Mais aussi des transfuges de Mickeyville, au premier rang desquels on compte Mickey et Pat Hibulaire. Ce Donald’s Happiest Adventures est la réponse au Mickey’s Craziest Adventures, découvert il y a quelques années par la même paire Trondheim/Keramidas.
Corentin : T’es toujours là-dessus… C’est beau, d’avoir des oeillères comme ça…
Thomas : Hein ? Quoi ?
Corentin : Non, rien ! Et côté dessin, ça donne quoi ?
Thomas : On est dans un trait assez cartoon et moderne. On sent l’influence de Carl Barks, le créateur de nos amis canards, mais il y a un twist un peu plus contemporain. Surtout, l’éditeur a pris soin de reproduire le papier de mauvaise qualité et les techniques d’impression employées dans les années 60 pour retranscrire l’état dans lequel cette collection a été retrouvée.
Corentin : Bon, du coup, c’est validé, Donald’s Happiest Adventures ?
Thomas : C’est validé, tout en gardant en tête que si vous cherchez de la grosse gaudriole façon Don Rosa, vous serez un peu déçu, l’humour de cette BD étant plutôt enfantin.
Corentin : Bon ben salut Thomas, et à bientôt.
Thomas : A bientôt !
Corentin : (chuchoté) Je profite du départ de Thomas pour vous dire que Donald’s Happiest Adventures date bien de 2018, est bien le fait de Lewis Trondheim et de Keramidas, est bien publiée par Glénat, et est disponible à 15€00.
« Donald’s Happiest Adventures » : conflit (intérieur) de canard
Quand Trondheim et Keramidas s’emparent du personnage de Donald pour en faire une nouvelle aventure, ça donne « Donald’s Happiest Adventures ». Une espèce de version modernisée de « Candide », mais avec des palmipèdes, évidemment. Et s’il faut cultiver notre jardin, autant le faire avec l’ami Thomas Hajdukowicz.
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